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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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ROMEO ET JULIETTE AU JAPON
« Otez-nous le combat et il ne nous reste plus rien. »
En adaptant le roman de Futaro Yamada et le célèbre manga auquel il a donné naissance, Basilisk, Ten Shimoyama s’attaque aux sources du mythe des ninjas (autrement nommés shinobis) telle qu’il est véhiculé dans notre imaginaire. Shinobi s’avère d’ailleurs plus proche du manga, notamment pour l’interprétation et l’aspect visuel.
Ce Roméo et Juliette nippon s’ouvre sur une scène de rencontre secrète entres les deux amants maudits. Pauses des personnages, temps suspendu, nature somptueuse, cadrages, tout est filmé comme un manga. Le hic, c’est ce que ce sont des acteurs en chair et en os qui l’interprètent et ce parti pris très appuyé donne une saveur étrangement artificielle à l’image, accentuée par la trop grande luminosité des décors et des costumes. Par contre, dès les premières scènes de bataille, le décor s’assombrit et l’action finement filmée permet de rentrer dans le film et d’y croire. La réduction de la trame originelle à 5 belligérants pour chacune des deux familles de ninjas rivales (au lieu de 10 dans le roman) permet un déroulement assez fluide sans être schématique et nous offre une rencontre suffisamment soutenue avec cette galerie de combattants excentriques. Tous les acteurs sont crédibles sauf un : le personnage masculin principal. Autant sa dulcinée (Yukie Nakama), partagée entre sa passion amoureuse pour le chef du clan ennemi et le devoir de défendre l’honneur de son propre clan, porte merveilleusement le drame intérieur qui se joue en elle, autant Joe Odagiri, censé incarner le guerrier le plus puissant de la troupe, s’avère aussi expressif et charismatique qu’un oeuf mollet. Heureusement qu’il est beau sinon, on n’y croirait pas une minute.
Au final, Shinobi ne possède pas la classe d’un Tigre et dragons, malgré des combats chorégraphiés aériens et des effets spéciaux réussis. D’autant que Futaro Yamada a du mal à tenir l’équilibre entre dilemme amoureux et action. C’est bien simple, il ouvre son film sur cet amour impossible, l’abandonne complètement pour y revenir in extremis à la fin, de sorte que le drame des amoureux perd toute consistance. Reste un film d’action divertissant et plutôt joli. Karine
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