Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La Disparue de Deauville


France / 2007

23.05.07
 








PERDUE ET SANS AUCUNE ADRESSE

« Qu’est-ce qu’il a dit Jack ? J’en sais rien, il a encore vu un fantôme ».

Pour son deuxième long métrage en tant que réalisatrice, Sophie Marceau décide de (re)visiter le film noir en y ajoutant quelques touches psychédéliques. Paramètre intéressant mais qui se révèle rapidement de l’artifice purement formel, ce rêve éveillé ne parvient pas à hisser La disparue de Deauville au rang des grands polars psychologiques flirtant avec le fantastique.

En capitalisant sur l’aspect humain une histoire aux sombres secrets, la réalisatrice essaye d’instaurer un climat étouffant et mystérieux. L’évanescence du personnage féminin, l’atmosphère lugubre d’un grand hôtel normand, la détresse d’un flic dépressif, la relation incestueuse esquissée etc. sont malheureusement autant de coups dans l’eau, par manque de cohérence narrative et de choix artistiques clairs. Pour réussir son pari scénaristique, la cinéaste devait nous entraîner dans le monde torturé de Jack. Déboussolé par la mort de sa femme, Jack, dont la psychologie est fragile, se retrouve confronté à des évènements qui le perturbent. Si la réalisatrice souligne cette fragilité en filigrane, jamais nous ne sentons cette détresse le pousser à conduire son enquête. Malgré des effets de mises en scènes voulant peut être prouver le contraire, l’aspect psychologique ne peut prendre le pas sur le déroulement factuel d’une histoire aux nombreux tiroirs.

Peu aidée par un scénario convenu et lorgnant bien malgré lui vers les séries TV adeptes de secrets de famille en tout genre, Sophie Marceau cherche à dynamiser son film par une mise en scène limite qui déstructure l’ouvrage. Si ce choix n’est pas incohérent avec le propos, sa caméra est tour à tour saccadée, lyrique, convenue, subjective…et n’arrive pas, in fine, à créer une unité formelle. Ce défaut nuit également à la narration du métrage. Comme si elle était trop préoccupée par ses changements de cadres et de rythmes, la cinéaste n’insuffle aucune dynamique narrative et délivre un métrage lent, linéaire et rapidement prévisible. Inspirée sans doute par le cinéma de Zulawski, elle tâtonne, cherche, expérimente, mais se perd un peu en route.

Le principal défaut du film réside dans l’utilisation dramatique du flic. Son implication personnelle est trop souvent parasitée par des éléments extérieurs (collègues, traitement hospitalier…) qui ne font ni avancer l’enquête, ni le cheminement intérieur de Jack. Il aurait sans doute fallu immerger ce héros solitaire en quête de rédemption, afin de scruter profondément les troubles et les peurs du personnage de Lambert. Le choc d’une rencontre avec son propre passé, via les protagonistes de l’affaire, se trouve dilué dans des rebondissements grossiers qui plombent les velléités de la réalisatrice.

A trop vouloir éclater son histoire policière, Sophie Marceau livre un film artistiquement indigeste (n’est pas Lynch qui veut !) et se perd un peu comme sa disparue. Dommage.
 
Geoffroy

 
 
 
 

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