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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Vent mauvais
France / 2007
13.06.2007
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APRES LA PLUIE, LE BEAU TEMPS
"- On picole pas mal, par ici…
- Je ne me rends pas compte, j’ai jamais connu d’endroit où on ne picole pas. J’sais pas si ça me plairait…"
Pour son premier film, Stéphane Allagnon signe un polar sympathique qui mélange étude sociale, ton burlesque et portraits sensibles. Un peu comme Lucas Belvaux avec La raison du plus faible, le discours didactique en moins, il met en scène des laissés pour compte pris en étaux entre honnêteté et injustice. Il y a l’intérimaire corvéable à merci, la serveuse sous-payée, le pompier volontaire qui cumule les emplois et habite chez ses parents… Tout ce petit monde boit sec et se réfugie dans des rêves dénués d’envergure : une voiture moins pourrie, un boulot moins con, un temps plus ensoleillé.
Avec comme seule lueur d’espoir à l’horizon, le coffre du supermarché local et les quelques milliers d’euros qu’il contient. Fantasme inaccessible et dérisoire qui les rend encore plus malheureux et amers.
Mais Vent mauvais est résolument optimiste et léger. Construit comme une enquête policière qui prend plus souvent qu’à son tour des chemins de traverse, le film offre de jolies saynètes décalées et quelques rencontres savoureuses qui, si elles ne font pas avancer l’intrigue, apportent une vraie touche d’humanité aux personnages et aux situations. Car le réalisateur ne met jamais en avant la bêtise ou la cupidité de ses protagonistes, préférant dévoiler avec pudeur leurs souffrances cachées et leurs rêves brisés. A travers cet argent qu’ils convoitent, Franck et sa petite bande de Pieds Nickelés recherchent au fond une seconde chance, une revanche sur le passé, bien plus que la fortune et la vie facile.
Décidément moins pessimiste que Belvaux, quoique plus moralisateur, Stéphane Allagnon ne peut s’empêcher de suggérer à ses héros un moyen légal de s’en sortir, à savoir la persévérance et l’amour. Dommage, car cette conclusion un peu simpliste, voire franchement naïve, fait retomber le film dans la banale comédie romantique sans grand intérêt et nous laisse vraiment sur notre faim. "Après la pluie, le beau temps", c’est quand même un peu court comme solution pour régler les grandes inégalités sociales de notre époque. MpM
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