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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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American Vertigo
USA / 2007
20.06.2007
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BALKANISATION
" - Il y a plus d’idées chez les « néocons » de droite que chez les faux malins de la gauche."
«L’antiaméricanisme n’est-il pas une bêtise ?» Ainsi nous interpelle BHL par la voie de Jean-Pierre Kalfon. Un voyage contre l’ignorance nous promet-on, pour conjurer le pire. Quel pire ? American Vertigo ne répond pas à cette question. Ni finalement à celle de l’antiaméricanisme. Le documentaire existe pour convaincre son auteur plus que pour nous séduire. Toutes les images nous sont familières. Les contradictions nous sont connues, jamais résolues. Et même son jeu de piste des prisons nous ferait plutôt douter de cette arrogante Amérique, entre mauvais goût et déculturation, plutôt que de nous la faire aimer. La fascination et les transgressions restent donc les seuls éléments freudiens qui pourraient conduire BHL et sa génération à persévérer dans cet amour d’un continent niant le darwinisme, vouant un culte au consumérisme, incapables de se bouger sans quatre roues.
Diaporama sous forme de carnet de voyages, l’Amérique n’a rien de belle. Elle est même enlaidie par le regard incisif et parfois percutant du documentariste. Lorsqu’il sépare l’écran et met en comparaison les ruines de Sarajevo avec les banlieues délabrées de Detroit, l’effet est saisissant.
Le vertige, celui des sueurs froides, il est là : dans l’inhumanité des prisons, dans la précarité des minorités, dans l’obésité et l’opulence d’une civilisation rassasiée et insatiable. Une société primaire et primitive où Dieu est plus fort que Darwin, où l’on peut s’abrutir avec du vide.
Il y a d’autres vertiges : des écrivains et des artistes, des paysages et des villes prospères, ce multiculturalisme et ce dynamisme individuel. Chacun ses sources, tous pour un dessein.
En fait BHL part la fleur au fusil, prêt à nous faire aimer cette Amérique, et finalement en repart désabusé, constatant le retrait pur et simple de la puissance publique, jusqu’à la privatisation de tout espace.
Cela ne manque pas de références, de jolies réflexions, de dérision. Un portrait lucide et juste malgré cette absence étrange de point de vue convaincant. L’absurdité même avec ces flèches pointées vers La Mecque dans les cellules de Guantanamo. American Vertigo est un diagnostic assez cru d’une surpuissance un peu paumée. Cela donne des envies d’Asie, d’Afrique, d’Europe. Un « French paradox » comme on dit là bas.
v.
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