Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Harry Potter & L'ordre du phénix (Harry Potter 5)


USA / 2007

11.07.2007
 



L'ARMEE DES OMBRES





"Quelque chose se prépare dehors. Comme la dernière fois."

Fini le temps de l’insouciance, des parties endiablées de quidditch et des Chocogrenouilles. Au cœur de ce cinquième volet des aventures de Harry Potter, la résistance à l'oppression et la tentation de la rébellion occupent toute la place. Harry, Hermione et Ron sont désormais assez grands pour savoir contester une autorité qu'ils ne reconnaissent pas comme légitime (en l’occurrence celle d’Ombrage). Du fait de leur passage à l'adolescence, ils sont même plus enclins qu'autrefois à rejeter en bloc l'injustice et la bêtise. Pleinement conscients des enjeux de la bataille qui se joue autour d'eux (l’imminence d’une guerre), ils décident donc de se donner les moyens d’agir en s’organisant (c’est-à-dire en ouvrant leur cercle restreint d’amis, conscient que l’union fait la force) et en s’entraînant au combat, pour être prêts à se défendre si le besoin s’en fait sentir. En cela, ils font preuve d'une maturité supérieure à celle des adultes qui veulent à tout prix les "épargner".

On est en effet terriblement déçus par les grandes personnes comme les Weasley ou même le professeur Dumbledore qui acceptent qu'Harry les aide, voire les sauve, en tout cas court des dangers inimaginables, mais dans le même temps, refusent de jouer franc jeu avec lui et de reconnaître que, quoi qu'il arrive, il est déjà impliqué (et même plus que quiconque) dans la lutte contre Voldemort. Il y a même quelque chose d’inconscient et de cruel dans leur comportement, comme l’application un peu dogmatique de principes rendus obsolètes par les circonstances. Or, au final, c'est à lui que leurs tentatives pour le protéger coûtent le plus cher. La totalité de ce cinquième volet repose même sur le fait que personne n'ose lui dire la vérité et lui donner une chance d’éviter les pièges tendus par son ennemi mortel.

Voilà sans doute pourquoi les adultes sont si peu présents dans le film, relégués à des rôles peu valorisants voire franchement odieux, comme Ombrage ou le ministre Fudge. Et le seul en qui les jeunes sorciers continuent à avoir confiance, Sirius Black, a tout d’un éternel adolescent qui reporte sur Harry son amitié pour son père et l’incite donc à l’action. Toutefois, Sirius reconnaît lui-même son impuissance à les aider et leur fait comprendre qu’ils sont désormais livrés à eux-mêmes. Parfaite métaphore de l’adolescence qui est ce moment où l’on doit apprendre à se débrouiller seul… Ainsi, Harry coupe le cordon (notamment avec Dumbledore), comme pour annoncer le volet suivant.

L'épisode de la transition

Il s’avère toutefois bien moins isolé que dans le roman, de même que son immense colère et sa souffrance indescriptible à l’idée d’être relié à Voldemort sont atténuées. La solidarité et la force du groupe représentent en effet le deuxième axe principal de l’intrigue : les membres de l’Armée de Dumbledore se serrent les coudes et répondent à la tyrannie par un front uni. La scène minuscule où deux sorciers plus âgés consolent un jeune élève qui vient de subir une punition sévère de la part d’Ombrage, résume parfaitement cet état d’esprit. Harry est donc bien entouré, ce qui rend le film tout de même moins insoutenable que le roman.

Les moments joyeux (quelques jolies saynètes-oxigène présentant un oiseau de papier qui vole, une course de balais au-dessus de la tamise, une séquence d'entraînements où de magnifiques patronus argentés surgissent de partout et courrent gaiement en tout sens…) neutralisent même les horreurs inventées par Ombrage, horreurs qui sont par ailleurs systématiquement édulcorées ou présentées sur un mode humoristique (les décrets qui envahissent littéralement les murs, les nœuds de cravates qu’elle ressert d’un coup de baguette, etc.).

Cette tension-là ainsi allégée, reste la perspective d’une guerre meurtrière entre opposants et partisans de Voldemort. On a un bref aperçu de ce que pourrait être un tel conflit avec les séquences finales qui apportent enfin un peu d‘action à une intrigue qui en est singulièrement dépourvue. Malgré des décors impressionnants (le département des mystères) et des effets spéciaux spectaculaires, ces séquences laissent néanmoins un peu sur leur faim en raison de leur rapidité et de leur confusion. Le scénario prend également quelques libertés avec l’œuvre originale, au détriment d’un vrai dénouement.

A l'écran, L'ordre du phénix incarne véritablement l'épisode de la transition qui traduit aussi bien l'évolution intime des personnages que la mise en place d'un monde bipolaire dans lequel chacun doit choisir son camp. C'est à ces changements que s'attache avant tout le film, d'où peut-être son caractère atypique dans la série. Moins en lien avec l'imaginaire (peu de magie et d'effets spéciaux), plus ancré dans le réel (au travers notamment de la ville de Londres et des codes vestimentaires contemporains), il gagne en profondeur ce qu'il perd en pur divertissement.
 
MpM

 
 
 
 

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