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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Mariage à l'iranienne
Iran / 2006
08.08.2007
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ROMEO ET JULIETTE EN IRAN
"C'est un espion, jusqu'à preuve du contraire !"
Une douce et pure Iranienne s'éprend d'un bel et fort Américain… l'intérêt n'est pas vraiment de savoir s'ils se marieront et auront de beaux enfants (on est dans une comédie romantique conventionnelle, la réponse est forcément oui), mais plutôt de comprendre ce que cela nous apprend sur cette société iranienne que l'on a plus l'habitude de percevoir au travers de films âpres, voire tragiques, et de reportages télévisés, que de romances légères et humoristiques. En l'occurrence, l'opposition manichéenne de départ (Iran/Etats-Unis), et qui sert de fil conducteur aux multiples rebondissements comiques du film, masque son véritable enjeu, à savoir la confrontation entre les convictions extrêmement traditionnalistes du père et l'ouverture d'esprit manifestée par l'oncle. D'un côté l'Iran attaché à ses valeurs et ses racines, jusqu'à les laisser l'étouffer, et de l'autre un Iran avide de concilier ce qu'il y a de meilleur dans cet héritage avec ce qu'il y a de meilleur dans la modernité. Le personnage de la directrice d'agence est à ce titre extrêmement symbolique, bien que sous-traité. Cette femme d'aujourd'hui, qui est la maîtresse de son patron, aspire à mener une vie indépendante tout en espérant se marier et "rentrer dans le rang". Ses désirs personnels interfèrent avec certaines de ses convictions, mais elle refuse de renoncer aux uns comme aux autres.
Ce qui se joue ici, c'est bien l'évolution de la société iranienne, ses tiraillements entre modernité et passéisme, la quête de cette voie que seul le peuple iranien peut choisir comme moyen de se réapproprier son avenir. La modernité est d'ailleurs omniprésente, que cela soit sous forme de téléphones portables qui servent aussi bien à contraindre (le père espionne sa fille) qu'à rapprocher (elle peut ainsi parler à son amoureux), que de l'informatique, qui permet à Shirin et David de communiquer en cachette, mais également de s'envoyer de longs poèmes en farsi. Une association internet/littérature classique qui résume toute la contradiction d'une génération… et décode à sa manière la société iranienne actuelle.
Et au fond, c'est uniquement dans ce décryptage que tient l'intérêt de Mariage à l'iranienne. Pour le reste, il faut aimer les bouffoneries, les rebondissements tous plus improbables les uns que les autres, les stéréotypes simplistes (le fourbe, le colérique, le benêt…) et les clichés de carte postale. Par moments, en effet, on se croirait un peu dans un film publicitaire pour le tourisme en Iran… ce qui donne certes envie de visiter le pays, mais pas forcément d'abuser de ses comédies sentimentales.
MpM
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