Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Dreamland


USA / 2006

01.08.2007
 



AUDREY AU PAYS DES MERVEILLES





"Ca va encore renforcer le cliché sur les paumés qui vivent dans des caravanes… "

Ce qui frappe dans ce premier film, c'est le ton, original et fort, avec lequel il décrit la petite communauté de Dreamland. Aucune caricature, pas de moquerie ni même d'insistance sur les "bizarreries" des personnages, mais au contraire une immense tendresse pour ce petit groupe d'individus qui traverse la vie avec les moyens du bord. En effet, le regard porté par Jason Matzner sur ses personnages ne gomme par leur non-conformisme, mais n'en fait pas non plus un enjeu majeur. En maillots de bains dans une piscine de fortune ou étendues sur une chaine longue, en train de se faire les ongles, les deux héroïnes du film ne sonnent jamais faux, et leurs conversations semblent toujours à la fois légères et étonamment profondes, moments de vérité magiques en permanence sur le fil entre ridicule et artifice. Mais le miracle se produit, et cela ne bascule à aucun moment. On apprécie une scène de barbecue festif, un dîner romantique sur une vieille table de camping, le récit d'un premier baiser, et il semble alors que la vie entière pourrait s'écouler ainsi.

Hélas, le fragile équilibre du film est perturbé en même temps que celui des deux jeunes filles par l'arrivée d'un adolescent charmant qui provoque bien malgré lui passions et jalousie. Bien sûr, le scénario ne bascule pas soudainement dans un Beverly Hills du pauvre, mais malgré tout le tact du réalisateur, la double histoire d'amour fonctionne un peu moins bien. On ne comprend pas toujours l'évolution brutale (et parfois surnaturelle) des personnages et l'on s'ennuie devant certaines situations convenues comme la rivalité des deux amies pour le même garçon.

Pourtant, Dreamland ne se départit pas de son atmosphère si étonnante, renforcée par un thème musical lancinant et mélancolique, et c'est finalement en douceur que le dénouement amène chacun à prendre ses responsabilités. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, de responsabilités et de maturation, de ce moment où l'on cesse de se trouver des excuses pour ne pas prendre sa vie en mains. Assez joliment, Audrey, l'héroïne principale (merveilleuse Agnès Bruckner), arrête ainsi de se réfugier derrière des obligations qu'elle seule s'impose et fait le grand saut dans le vide. Le passage à l'âge adulte implique parfois un peu d'égoïsme, mais surtout beaucoup de confiance en soi : quand on habite au pays des rêves, ce n'est jamais facile de s'aventurer dans la vraie vie.
 
MpM

 
 
 
 

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