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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les Simpson, le film (The Simpsons, the movie)
USA / 2007
25.07.2007
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SUPREME NIMPORTNAWAK
«- C’est la pire journée de ma vie.
- C’est la pire journée de ta vie, pour l’instant.»
Transposition réussie. Même si les grincheux prétexteront qu’il s’agit d’un épisode « premium » longue durée, Les Simpson ont réussi à nous embarquer dans un grand délire d’une heure et demi. Dès le générique de la Fox, la messe est dite : ce sera irrévérencieux au possible. Dès le pré-générique, avec cette garce d’Itchy et ce con de chat, le ton est donné : la parodie (incluant Hillary Clinton) et le cartoon (ce qui implique de multiples morts atroces et autant de résurrections). Les Simpson n’ont rien perdu de leur subversion, de leur mordant, de leur idiotie. Le déluge de gags du générique confirme la mise en abyme de la série en adaptation cinématographique. On est là pour faire pareil, en pire. « Je ne téléchargerai pas ce film sur Internet » recopie 500 fois Bart sur le tableau noir. Une interruption publicitaire interviendra comme pour mieux souligner le plaisir de ne pas en avoir au cinéma. Finalement cette saga de 18 ans (née sous Bush Senior) était destinée au grand écran avec Danny Elfman aux manettes du thème musical. La banlieue burtonienne a des airs de Sprinfgield. Les références ne manquent d’ailleurs pas, de Big Fish à Titanic, en passant par le Président Schwarrzy (« Il me manque Danny DeVito », son compère de Jumeaux). Mettre Arnold à la Maison Blanche démontre bien le discours politique qui se cache derrière lLes Simpson.
Et là où South Park ne faisait pas dans la dentelle politique, en étant assez binaire, Les Simpson sont davantage dans le constat lucide d’une Amérique sans (re)pères. Au-delà du message, Les Simpson l’emportent aussi sur South Park ou même Bob l’éponge grâce à une histoire plus construite, des personnages attachants et complexes. On se rapproche des scripts de Pixar, où le déjanté remplace le génie. Entre la bêtise type South Park, l’immaturité sauce Bob l’éponge, et l’initiatique façon Pixar, Les Simpson trouvent leur chemin (via le Glaglaska). Avatar de Sim City et des Sims, Springfield (située au milieu de nulle part, enter quatre Etats sans frontières communes) est le théâtre idéal pour donner corps à un contexte politique (écologie, malbouffe, mutations génétiques, paranoïa sécuritaire, corruption), où les Américains sont décrits comme des individualistes égoïstes, incultes et sauvages. La salvation ne peut pas passer par l’église (les pénitents finissent au bistro quand la fin du monde approche). Surtout qu’on y refuse les téléphones mobiles (« Ton portable tu éteindras pour l’église »). Le film, à l’instar de la série, est une critique insidieuse et frontale d’une Amérique obscurantiste et paumée.
Seul le noyau, la famille, qui se délite de toute part, peut apporter un peu d’espoir. Bart en animal sauvage, Liza devenant une femme (avec ce conseil prodigieux de sa mère : « Tu es une femme, tu peux contenir ta rage toute ta vie. »), Maggie qui joue les Tétinator vont tous s’affranchir un peu de leurs parents. Cet équilibre subtil entre attente et déception, indépendance et soumission, tient chacun des personnages dans son registre. Le garçon restant définitivement ancré dans le monde de la bêtise et de l’action (y compris cette séquence culte du skate à poil) et la fille dans l’univers idéaliste et romantique. Quant à Homer, il est le symbole du masochisme à son paroxysme, une sorte de Coyote des temps modernes courant après un Bip Bip invisible.
Chaque plan se nourrit d’un jeu de mot, d’une blague ou annonce les drames à venir. S’écoule ainsi une histoire divertissante et jouissive, hilarante et attachante où la caméra virevolte, le grand écran abrite quelques effets de démesure, s’offrant des moments cinétiques et aventuriers. Pourtant rien n’est innocent. Même le choix de l’Alaska comme destination utopique est intéressant : lieu originel des Indiens d’Amérique et de leur spiritualité chamanique, cet Eden écolo se fait piller et massacrer par les décisions de Bush Junior qui n’y voit que du pétrole. Les auteurs n’ont pas la naïveté de leurs personnages, ils ne cherchent même pas à les rendre meilleurs. Ces crétins sont là pour nous faire rire d’eux-mêmes et de nous, comme chez Molière. La satire est sociale et morale. Nous voici des gogos prêts à payer pour aller au cinéma alors que l’original est gratos à la télé. Mais l’arme de dérision massive tient ses promesses jusqu’au bout du bout du générique de fin. Alerte info : Maggie prononce son premier mot. Une prémonition ? vincy
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