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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les fantômes de Goya (Goya's Ghosts)
Espagne / 2006
25.07.2007
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LES REVENANTS
«- Savez-vous qui l’a composé ?
-Non !
-Haendel ?
-Non ! Moi ! »
Milos Forman est obsédé. Par la censure, ou tout ce qui peut freiner la liberté d’expression ou les folies des artistes. D’Amadeus à Larry Flynt, de Valmont à Vol au dessus d’un nid de coucou, il aime les sujets où le pouvoir flirte avec l’inquisition, l’obscurantisme, la raison trop pure. Les fantômes de Goya ne fait pas exception. Tranche d’histoire d’une Espagne en déclin, ne sachant pas comment amorcer la fin de son Empire ou gérer la perte de son influence dans le monde, Goya n’est ici que le témoin d’une histoire inventée. Utiliser un personnage célèbre, qui plus est l’un des plus grands maîtres de la peinture, comme prétexte à une épopée télévisuelle, voilà qui frôle l’arnaque de la part d’un tel cinéaste.
Car Goya n’est qu’un fantôme dans cette histoire. Il aurait été avocat, banquier ou diplomate, ça n’aurait rien changé. Hantant ce film forcément classique dans sa narration et esthétique dans son formalisme, l’œuvre est davantage une romance pour midinettes qu’un drame romanesque. Même la lutte infernale entre d’un côté, le pouvoir, la religion et de l’autre l’esprit, l’argent et les valeurs de l’avenir nous renvoient à un téléfilm de prestige.
Le film est scindé en deux parties, deux époques. La transition est lourdement amenée par une voix off. L’Espagne devient même, un temps, Napoléonienne. Les disparus reviennent à leur manière. L’épatante Natalie Portman hérite alors d’un double rôle, ingrat et sublime. Bardem va pouvoir briller de nouveau en diablotin machiavélique. Reste l’énigme Goya. Rien à voir avec le film de Carlos Saura sur le peintre. Forman ne s’intéresse pas à l’artiste. Eventuellement, il nous fait comprendre les atrocités, les horreurs, les asilees et les misères du monde qui l’entoure, qui l’inspire. D’illuminations en calvaires, de pardon en punitions, le film se laisse regarder comme un feuilleton, mais sans élan, sans prise avec nos émotions. On passe des ennemis de Dieu aux ennemis de la liberté. L’Espagne se répand de tous ses lambeaux. Il y a du Bosch et du bizarre sur le dernier tiers du film. Grâce aux événements historiques réels, le scénario fictif du film rebondit et continue de nous divertir. Tous ces retournements de situations font passer nos agissements humains pour grotesques et donnent le beau rôle à celui qui les observe, en retrait, l’artiste.
Mais Forman n’est plus impliqué depuis longtemps dans les malheurs de notre époque. Et même le faible écho des Fantômes de Goya à notre siècle ne parvient pas à nous faire vibrer. Les acteurs surjouent pour la plupart, le script se sait malin, l’ampleur artistique débauche trop de moyens. Il manque une rage, une cruauté, une flamme pour que ce soit autre chose qu’un roman de gare un brin ésotérique, avec quelques éléments historiques authentiques. vincy
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