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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Pathfinder
USA / 2007
01.08.2007
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LES INVASIONS BARBARES
« Si tu n’es pas assez fort pour tuer l’ours, utilise la force de l’ours pour le tuer. »
Curieuse relecture de Pocahontas chez les vikings, Pathfinder réitère le mix des civilisations auquel s’était essayé John McTiernan il y a quelques années avec 13th Warrior, non sans une certaine dose de déconvenues malgré le talent qu’on lui connait. Les vikings ne porteraient donc chance qu’à Richard Fleisher ? Le pubeux vidéaste Marcus Nispel se plante en tout cas passablement dans son déploiement conséquent de moyens pour faire revivre la flamme un peu kitsch de l’heroic fantasy (qu’on définira grossièrement par des récits de guerriers barbares qui se plaisent à se distribuer des coups en des temps plus ou moins reculés). Le genre se doit en effet d’être réactualisé dans son approche historique (ou fantastique) pour rester digeste. Or l’épopée ici tourne plus à l’hommage rendu au célèbre illustrateur Frank Frazetta, adulé par toute une génération de teenagers et dont les posters (celui de Pathfinder est d’ailleurs un clin d’œil clair au maître) et les couvertures de livres ont quelque peu scellé la représentation de cet univers imaginaire en un cliché immuable des années 70-80. L’approche purement visuelle, pour ne pas dire graphique du film sera du coup plus respectueuse que véritablement inventive. Péché mignon, cette attention maniaque loin d’élever le projet, s’accommodera au contraire volontiers d’un scénario accessoire à l’envergure artificielle. En faisant fi de toute considération humaniste, rien ne vaut une bonne histoire de vengeance primaire comme alibi pour s’offrir en toute quiétude un maximum d’affrontements sanguinolents. Impossible dés lors pour les acteurs d’habiter furtivement leur personnage, autrement que par des chorégraphies martiales. Les gentils indiens sont à ce titre plus gâtés que les vikings (carrément stupides), eux au moins ne portent pas de casques leur voilant la face en permanence. Sans même espérer s’apparenter à une performance, la succession de pugilats finit par prêter à sourire dans son empilement frénétique et le réalisateur a beau multiplier les figures de style, sur la glace, au bord d’un précipice ou au fond d’une grotte ou d’une forêt, son acharnement reste vain, là où le parti pris forcené d’un Mel Gibson dans Apocalypto prenait encore un sens symbolique dans sa marche chronologique hypnotique. Nispel n’est pas non plus McTiernan, cinéaste virtuose et cultivé cité plus haut, dans la mesure où la minutie esthétique de l’apprenti besogneux ne s’accompagne pas d’une maîtrise parfaite du cadrage et du montage, d’où des séquences souvent confuses, voire même involontairement drôles.
Et pourtant ce choc culturel inattendu poussait à la curiosité et aurait pu délivrer une vraie fable épique dédiée au partage initiatique, à l’ouverture des esprits et des peuples. Celui qui est derrière la caméra n’en aura qu’effleuré l’ambition, loin de la romance naturaliste indienne d’un Terrence Malick (The New World) ou de la fraternité civilisationnelle viking et berbère de McTiernan (décidément encore lui, autant revoir 13th Warrior finalement !). Avec Pathfinder, il s’agira juste de maintenir sporadiquement l’illusion du divertissement en un contrat à moitié rempli. Soit…
PETSSSsss-
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