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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Mr. Brooks
USA / 2007
29.08.2007
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ATTRAPE-MOI SI TU PEUX
"- Pourquoi luttes-tu si fort, Earl ?"
A l’instar de Clark Kent/Superman, Earl Brooks possède deux visages antagonistes. Lunettes sur le nez, c’est un citoyen respectable, papa poule et mari irréprochable. Sans lunettes, il exprime sa nature profonde de super… psychopathe auréolé de toute puissance. Et tout comme Superman, Brooks doit se débrouiller pour que ses deux vies ne se rencontrent pas sous peine de tout perdre.
Le film navigue sur une phobie sociale ordinaire en basant son personnage sur la théorie eugéniste et finalement rassurante selon laquelle le mal serait inné : Brooks est né avec le gène du crime, c’est sa nature profonde, sa drogue, et sa descendance est condamnée à suivre le même chemin que lui. Un monstre ? Pas vraiment, du moins pas seulement. Son attachement à sa famille le pousse à lutter en permanence contre lui-même, ce qu’il fait en psalmodiant sans cesse la même litanie religieuse pour contrôler son addiction au meurtre, tout comme un alcoolique qui se tourne vers Dieu pour oublier la boisson, métaphore d’ailleurs illustrée par la séance aux alcooliques anonymes. Brooks n’est donc pas seulement cet Autre inhumain.
Les scénaristes ont ficelé le film autour du thème du double. L’ambivalence de Mr Brooks, corroborée par un alter ego imaginaire, Marshall (William Hurt), en constitue le noyau central. Ce double fantasmatique symbolise la schizophrénie du personnage, versant pulsions sadiques, une sorte de ça freudien. Parallèlement, une relation de miroir s’instaure entre Brooks et sa fille, meurtrière héréditaire, mais aussi entre Brooks et Tracy Atwood (Demi Moore) : les deux voient leur vie menacée de sauter comme un château de cartes : Brooks à cause d’un apprenti maître chanteur, Atwood à cause d’un tueur évadé qui a juré de lui faire la peau. Les deux sont dépendants, l’une à son travail, l’autre au meurtre.
Relativement efficace, le film ne pourra pourtant pas se vanter d’avoir révolutionné le thriller. Mr. Brooks manque clairement d’audace et s’engouffre dans les conventions du genre : l’admiration réciproque du criminel et du policier, le flic qui évacue ses problèmes personnels dans son travail, la dualité même du serial killer, partagé entre l’homme de bonne société et le monstre tel un Dr Jekyll et Mr Hyde, tout cela a déjà été maintes fois décliné. Du côté de l’interprétation, c’est tout aussi tiède. Si William Hurt frôle sans cesse la caricature, Kevin Costner tire quand même son épingle du jeu dans un rôle pas vraiment à contre-emploi contrairement à ce qui était annoncé, et ceci en dépit d’une interprétation sans surprise. Quant à Demi Moore, elle parvient à rendre crédible son personnage de femme-flic au bord de la crise de nerfs mais cela tient du miracle tant son rôle est stéréotypé. Le retour en grande pompe de ces deux stars passées de mode ne sera donc pas pour cette fois… Karine
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