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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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J'aurais voulu être un danseur
Belgique / 2007
29.08.2007
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TELS PERES TELS FILS
«- Gene Kelly il avait aussi les huissiers à la maison ? Parce que nous, oui !»
Alain Berliner n’aurait-il eu la grâce que pour un seul film, Ma vie en rose ? J’aurais voulu être un danseur, film assez Belge dans sa manière de mélanger l’onirisme et le réel, l’imaginaire virtuel et les enjeux du quotidien peu flamboyant, manque hélas de rythme, un comble pour un film en partie dansé, et d’intérêt. Cette constante indifférence que nous portons aux personnages, pourtant sympathiques, laisse le spectateur à distance de qui aurait pu être passionnant : une histoire d’hérédité, bâclée par des allers et retours dans le temps un peu chaotiques, et la fascination exercée par un art, le « tap dance » (les claquettes en VF).
Si notre point de vue cinématographique est plus proche de l’affliction d’un amateur de grand crû goûtant à une piquette locale, reconnaissons que l’animalité d’Elbaz et le style épuré de Cassel impressionnent tant dans leurs rôles d’hommes défragmentés que dans les chorégraphies mettant en lumières leurs talents scéniques.
Mais la narration trop classique, l’histoire plombée de bons sentiments, la direction artistique trop médiocre, les dialogues pas assez ambitieux font de ce mélo un petit film qui se rêverait grand. Il n’arrive évidemment pas à la cheville de chantons sous la pluie auquel il rend hommage. Peut-être parce que la comédie musicale n’est pas un genre banal. Elle doit être légère ou tragique, absolument glamour, divertissante et nous propulsant dans un monde parallèle. Or, J’aurais voulu être un danseur est un film d’auteur, aux allures de téléfilms grand public, avec des éléments incongrus insérés. Le mélange donne un résultat maladroit. La fuite des réalités n’est pas assez poussée vers les frontières de l’irréel. Dans Chantons sous la pluie, Gene Kelly en vient à mettre en scène chaque instant de sa vie, jusqu’à sa déclaration d’amour sur un plateau de cinéma, faute de pouvoir se supporter tel qu’il est.
Mais Berliner s’attarde trop, et parfois grossièrement, sur son message. Les mensonges l’emportent sur les secrets. Pourtant personne ne parle de mensonges, on ne disserte que de secrets («Le secret est plus traumatisant que la vérité»). Sa morale apparaît du coup assez simpliste, voire inachevée. Inachevés aussi ces destins décrits et jamais bien écrits. D’autres failles nous laissent perplexe : l’absence de vieillissement de Jeanne Balibar, le choix de revisiter des hits des années 80 façon chansonnette, des scènes entières souffrent de vacuité et n’ont rien à dire.
Le charme des comédiens, leur sincérité à incarner des êtres incapables de se comprendre au-delà des schémas classiques, auraient pu inciter Berliner à transcender son sujet. Peut-être qu’il a pêché par modestie là où des Gene Kelly nous émerveillait par leur folie.
v.
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