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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les amours d'Astrée et de Céladon
France / 2007
05.09.2007
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Cette adaptation fidèle se concentre essentiellement autour de la belle Astrée et du vigoureux Céladon, en laissant s’épanouir la rigueur d’un verbe scandant sans retenue la passion et le devoir.
Sorte de parcours initiatique d’une jeunesse à la recherche du parfait amour (celui qui ne s’acclimate d’aucun compromis), cette ode à la fidélité se construit par juxtaposition de tableaux bucoliques censés représenter les différentes péripéties d’un amour assailli par la jalousie, les prétendants, le libertinage et surtout l’absolu qu’il suscite. Ce jeu de l’amour et du hasard, encerclé par un naturel propre à tous sentiments amoureux sous-tendant nombres de questions et de réflexions, démontre avec maestria la modernité d’un réalisateur sachant puiser dans sa propre archéologie afin de nous offrir une éclatante leçon sur les rapports amoureux.
Synthèse admirable d’un monument de la littérature baroque, Les Amours d’Astrée et Céladon se pare d’un motif subtil qui décortique les intrigues sentimentales chères au cinéaste. Soutenu par des dialogues respectant le texte original, Rohmer philosophe sur les possibles d’un amour qui lutte constamment contre les tentations d’une nature intrépide. Les mots deviennent le moteur d’une mise en scène intelligente qui prend son temps à décrire les peurs, les angoisses et les passions contrariées de nos deux amants. Céladon, sauvé par les nymphes, se voit choyé, séduit et retenu contre son gré. Astrée, seule depuis la disparition de Céladon, est convoitée et doit supporter les propos vantant les vertus du libertinage.
En scindant sa structure narrative en deux, Rohmer use de la confrontation pour mieux isoler ses deux héros. Chacun, dans un contexte différent (tant au niveau de la géographie, que de l’entourage), est renforcé dans sa position…et son amour. Force du cinéma rohmérien, le contre servira le pour, et les nombreux détours d’un cœur trituré par les épreuves de la vie permettront la construction d’un jeu de rôle (du banquet au travestissement de Céladon) entre vérité des sentiments et stratagèmes de reconquête. Malgré les aides, les avis, les tentations et autres propos fallacieux, Astrée comme Céladon, restent persuadés du bien fondé de leur amour. Il leur faudra juste une circonstance particulière (mais également motivée) pour que la jonction s’opère et que l’évidence d’un amour véritable éclate au grand jour.
C’est au cœur d’une Gaule plongée dans une forêt merveilleuse que Rohmer accueille les âmes en peine. Jeunes et inexpérimentées, elles empruntent les chemins de l’apprentissage, entre doutes et détermination. Dans une nature aussi dominante, il est normal que le décor participe à l’ordre des choses. Le discours syncrétique du druide tend à le prouver et apporte une valeur relative aux choses du monde et donc à l’amour. La nature est un réceptacle qui accorde un champ de liberté, mais qui impose également ses lois. Immuable dans son silence, elle accompagne aussi bien les êtres dans leur détresse que dans leur passion. Celle qui anime Astrée et Céladon doit alors surmonter les difficultés pour être révélée.
La partition multiple à laquelle s’adonne Rohmer conduit nos deux amants vers l’espérance. D’une entrée en matière un peu austère (la séparation et la fuite de Céladon est somme toute assez peu tragique), le film arpente des routes variées pour terminer son voyage vers le vaudeville. L’amour est sacré avec légèreté, les rires font place aux doutes et le désir devient cette force qui anime les cœurs. Cette dernière partie de cache, cache, ponctuée de fort belle manière, démontre la verve, le tempérament et la maîtrise du réalisateur. Depuis Ma nuit chez Maud, Rohmer a su rendre cohérente une œuvre cinématographique dont la fidélité amoureuse est le motif le plus éclatant.
geoffroy
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