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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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King of California
USA / 2007
12.09.2007
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LE REVE DE MON PERE
"Les parents ont cet avantage sur nous qu'on a envie de croire en eux. Et si l'on ne croit pas en eux, on a simplement envie d'être avec eux."
D'abord, on ne voit que ça, et l'on se demande qui a eu l'idée d'affubler Michael Douglas d'une barbe aussi improbable, à mi-chemin entre le vieux loup de mer et le naufragé solitaire. Puis, au fur et à mesure que l'intrigue progresse, on y pense moins, et au final on l'oublie complètement. Comme si cette barbe était une métaphore de ce que l'on ressent devant le personnage lui-même. Au départ, on se méfie (typiquement le genre de rôle pour lesquels les acteurs en font des tonnes), et peu à peu, en le découvrant à travers le regard initié de sa fille, on se désintéresse des aspects médicaux pour ne plus se soucier que de l'or espagnol enfoui à portée de mains.
Mike Cahill prend bien soin de laisser planer le doute quant à l'existence de ce trésor : certes, les recherches de Charlie semblent souvent loufoques, mais à chaque fois, un petit détail vient titiller le spectateur : et si c'était vrai ? Tout comme Miranda, c'est cette éventualité qui tient le spectateur en haleine et sert de fil conducteur au film. Lorsqu'il s'égare sur un chemin de traverse (la dispute entre le père et la fille, l'aventure avec la femme policier), une nouvelle étape dans la chasse au trésor permet ainsi de le remettre d'aplomb. La mise en scène inventive et nerveuse, cachant ses maladresses sous une fantaisie authentique, achève d'emporter l'adhésion du spectateur qui, lui aussi, a fondamentalement envie de croire en l'existence d'un trésor fabuleux caché sous un supermarché…
Le film, au fond, n'est rien d'autre qu'une immense apologie des rêves, qui seuls meuvent les hommes et leur permettent de rester dignes et en vie. Peu importe le trésor, par cette longue et fastidieuse quête, c'est cette leçon que Charlie essaie de transmettre à sa fille. Celle-ci, en effet, ne rêve plus. Il y a même une certaine cruauté dans son existence : elle travaille, s'occupe de tout et assume toutes les responsabilités pendant que son père s'amuse. Cahill dévoile sa détresse en quelques plans surgissant au détour du récit : l'évier rempli de vaisselle sale, son boulot abrutissant, la convoitise dont elle est l'objet… Même ses aspirations sont étriquées : elle fantasme devant un lave-vaisselle. En l'entraînant dans sa chasse au trésor insensée, son père lui redonne le goût du rêve. Elle le suit car elle croit pouvoir ainsi le sauver, mais en réalité elle se sauve elle-même. A l'issue de la quête, quelle qu'en soit l'issue, elle sera ainsi capable de reprendre le flambeau. A défaut de réaliser de grandes choses, comme le souhaite son père, peut-être pourra-t-elle s'affranchir du quotidien sordide devenu le sien, pour vivre enfin une vie qui en soit une. MpM
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