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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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7h58 ce samedi-là (Before the Devil Knows You're Dead)
USA / 2007
26.09.2007
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C’EST MOINS DEUX
«- On fait comment pour que ta merde m’éclabousse pas ?»
«- Puissiez-vous être au Paradis avant que le Diable n’apprenne voter mort.» Tel est le vrai titre du film, pourtant très laïc dans son propos. Le Diable est là, le Paradis était à portée.
Il y avait quelques craintes. Et si elles ne sont pas toutes dissipées une fois le générique de fin commencé, 7h58 ce matin là confirme que Sidney Lumet n’est pas un cinéaste usé, vieilli, fatigué. Cette tragédie familiale noire et sang est précisément le versant sombre de Family Business (avec Connery, Hoffmann et Broderick), où le crime était joyeux et léger. Ici le trio (plus que parfait) Finney / Seymour Hoffman / Hawke nous plonge dans une chronologie infernale qui va détruire toute un foyer par la simple cupidité d’un fils maudit.
La narration parfois inutilement complexe, tel un artifice « moderne » masquant les quelques lenteurs du film, nous entraîne dans un puzzle où les pièces se mettent logiquement en place sur une durée assez courte. Les flash backs nous renvoient toujours dans un temps passé qui nous amène dans un jour futur. Nous avançons en reculant, pour mieux comprendre quelques digressions, parfois de manière superflue.
Heureusement, Lumet n’hésite pas à jouer avec les codes du genre, tout en en détournant certains – notamment la scène d’introduction qui met en scène une levrette sans tabous. L’âme perdue incarnée par Seymour Hoffmann avec la justesse nécessaire pour comprendre ses actes irresponsables et coupables s’illustrent très bien à travers ses fantasmes, ses vices et sa folie sous-jacente. Les crises de nerfs, l’immoralité génétique du scénario et l’absence d’humour font du drame une œuvre pesante flirtant avec les récents films d’Eastwood ou de ceux de Gray. Le classicisme du fond – la perversion du trio sexe, drogue et fric – est mis en scène par un montage « cut » plus superficiel. Mais Lumet, vieux de la vieille, parvient encore à insérer du sens dans un plan, un cadre, une image. Cette histoire de con de plan piégeant des cons aurait pu être banale. Il créée pourtant une atmosphère habitée et dépressive, infernale même. Où la morale est individuelle, la rédemption accidentelle, le pardon inexistant.
D’autant que les parents, a priori victimes, ont leur part de responsabilité. Leurs enfants puérils, qui n’ont pas su grandir, sont criminels (et même parricides) parce qu’il y a eu une faille dans l’affection qu’on leur a porté. Psychologiquement très analytique, le film se perd d’ailleurs parfois dans l’explication rationnelle et créé des longueurs au détriment de l’action et de l’interprétation. Là encore, comme dans de nombreux films récents, la justice individuelle semble la seule réponse à l’impuissance des institutions face à l’injustice. Il ne reste donc qu’à « tuer le fils », variante singulière et plus intéressante qu’on ne le pense au classique «tuer le père ». vincy
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