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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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En cloque: mode d'emploi (Knocked Up)
USA / 2007
10 octobre 2007
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GROSSIERE GROSSESSE<
"- J'étais ivre!
- Et ton vagin aussi était ivre?"
Réalisateur « bankable » depuis le surestimé 40 ans, toujours puceau (en 2005), Judd Apatow nous reviens avec sa nouvelle comédie, En cloque : mode d’emploi, aussi inoffensive que plate. A quand le Viagra pour les Nuls? D’un convenu touchant très vite au néant intersidéral, cette déclinaison de 2h10 (quand même !) sur les contraires qui finissent par s’attirer, entre grossesse fortuite et discours un brin moralisateur lorgnant vers le sacro saint concept de responsabilité, ne touche pas vraiment au but et se paye même le luxe d’oublier ce qui fait l’intérêt des comédies qui restent.
L’idée de départ n’était pourtant pas si mauvaise. Ben, jeune trentenaire au physique quelconque, immature et sans le sou, rencontre lors d’une soirée arrosée, Alison, belle jeune femme ambitieuse qui vient fêter sa promotion. De cette aventure d’une nuit a priori sans conséquence, le réalisateur tisse son récit et fait d’Alison une future maman. Rythmé et allant directement au but dans une première partie très courte, le long métrage change malheureusement de vitesse pour s’installer mollement dans une comédie qui n’arrive jamais à rester sur le schéma de départ, laissant de côté les incompatibilités sociales, l’ironie d’une telle situation et la description de deux univers vraiment différents. Les lignes de fracture s’estompent en quelques bobines et nous assistons, incrédules, à l’évolution en dent de scie d’un couple en apparence de « circonstance ».
Là ou Apatow aurait dû mille fois abuser de son humour irrévérencieux afin d’en extirper une satire haut en couleur, nous n’avons droit qu’à une pâle succession de scénettes, certes parfois drôles, mais au final très vite oubliées. Il faut alors s’en remettre à la bonne volonté du spectateur qui doit accepter la rigueur d’un scénario qui enchaîne les figures imposées (elle veut garder le bébé, elle lui demande de l’aide, il accepte, ils s’entraident puis se disputent, il s’écarte de sa vie pour mieux revenir...) jusqu’au dénouement d’un convenu de conte de fées.
L’humour, vecteur pourtant fondamental pour une comédie, ne provient pas de ce duo cocasse sinon prometteur, mais bien des « seconds couteaux » que sont les copains de Ben et du couple formé par la sœur et le beau-frère d’Alison. L’ensemble manque alors d’autonomie et l'apathique Apatow déroule le parfait manuel d’un homme accédant petit à petit à la maturité pour prendre, enfin, ses responsabilités. Pourquoi n’a-t-il pas gardé cette ligne de fracture comme ressort comique, sachant que les contraires sont toujours sources d’ironie et d’attaque en règle des institutions. Contrairement aux frères Farrelly, Apatow se laisse prendre au piège de la morale facile bien qu’inutile et souvent vaine.
Justement les deux « fréros » sortent prochainement Les femmes de ses rêves, ce qui nous permettra de contredire l’idée de certaines critiques selon laquelle En cloque : mode d’emploi serait à coups sûr la meilleure comédie de l’année. Geoffroy
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