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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Un jour sur terre (Earth)
Royaume Uni / 2007
10.10.2007
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TERRE SAUVAGE
"- ... éternel rituel de la tragédie du chasseur et du chassé."
Un énième documentaire sur "la planète miracle"? Une sorte d'éloge à Mère nature et ses créatures? Avec ses allures de film IMAX, avec voix off mélodieuse au joli accent et une musique symphonique mais rythmée (reprenant même des airs de musiques de films), la carte postale animée pourrait se noyer dans le flots de productions écolos bien pensantes qui se destinent au petit comme au grand écran. Pourtant, par quelques plans saisissants, et un ton pédagogique et interrogatif, nous sommes emmenés dans un voyage plus inquiétant qu'à prime abord. Il y a un pessimisme glacé sous cette beauté animalière. Le grand spectacle cache un discours non pas catastrophique mais morbide. Chaque espèce - ours polaire, caribous, baleine bleue, éléphants du sud de l'Afrique, grands requins blancs et dauphins, manchots... - est mue par un instinct de survie dans un monde en péril.
Les effets visuels, élégants, magnifient les paysages encore épargnés par la civilisation et transfigurent les peuples migrateurs qui croient encore avoir la liberté de circuler sans papiers. Les prises de vues véritablement cinématographiques nourrissent quelques séquences cruelles et pleines de suspens où l'on ne sait qui va gagner du chasseur ou du chassé font d'Un jour sur une terre une oeuvre froide et touchante. Cela n'empêche pas les moments drôles - le baptême de l'air des canetons, les extraordinaires façon de draguer en Nouvelle Guinée - ou ceux plus poignants - le léopard de l'Amour en Russie.
Un docu distant et frissonnant
Tout en mouvements, courses poursuites, défis impossibles... Chaque espèce compose un épisode. La mort rode en permanence. Les plus faibles sont vaincus. Cette dure Loi ne permet pas de s'émerveiller naïvement. Entre tactiques et paniques, les animaux ne font pas le carnaval.
De milliers de kilomètres en soleil qui défile à toute vitesse ou l'accélération de l'éclosion d'une fleure, la journée passe des étendues glacées aux déserts, de l'Himalaya à la jungle tropicale, des océans cristallins aux forêts tempérées, le film joue et distord le temps. En s'attardant parfois sur les exceptionnelles facultés de chacun, le documentaire démontre surtout l'incroyable fragilité du système et la mise en danger de son équilibre. L'aurore australe nous semble encore plus illusoire.
Grand public, le film, qui flirte avec Powaqqatsi et Koyannaqtsi, s'adresse aussi bien aux adultes qu'aux enfants. A tout âge, on en sort un peu plus intelligent, un peu plus conscient. Entre déforestation, désertification, réchauffement , tout a des airs de déjà vu, déjà entendu. le talent a sans doute été de suivre consciencieusement la cohabitation entre lions et éléphants, la précision remarquable d'un guépard entourant sa proie, l'exploit aérien des grues de Mongolie, tout en expliquant avec application les bienfaits du soleil et de l'eau.
Documentaire très bien écrit, respectant l'intelligence du spectateur tout en cherchant à l'épater, il évite le sujet qui fâche : l'homme et sa civilisation, complètement absents. Cette Belle (bleue) et ses Bêtes, paradis fertile et enfer quotidien, est un voyage au coeur de la terre, où la menace fantôme n'est jamais pointée par la caméra mais toujours sous entendue par la voix. La galerie de personnages qui défilent est un appel à témoins pour nous interpeller et agir, et les sauver. Pour qu'un jour, sur terre, ces héros qu'on humanisent en dessin animé, qu'on transforme en peluches affectueuses et rassurantes, ne soient pas simplement des souvenirs ou des effets spéciaux pour nos fictions et nos contes. v.
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