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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Crazy in Alabama (La tête dans le carton à chapeaux)
USA / 1999
06.10.99
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DOUX, DUR ET DINGUE
" - Elle joue les dingues...
- Moi je la trouve assez givrée."
Ainsi, en Alabama, les Noirs n'ont pas le droit de voter. Ils n'ont pas le droit de faire grand chose d'ailleurs. Taylor Jackson , jeune Noir, devient l'enjeu d'une confrontation entre Blancs et Noir dans cette petite ville. Il se fait virer d'une piscine réservée aux Blancs. Peejoe assiste à la scène et ne comprend pas. Son oncle Dove lui dit que "c'est injuste mais c'est comme ça". Puis, c'est la dégringolade. Taylor meurt assassiné, les Noirs se révoltent, de manière non-violente.
Melanie Griffith est souvent inquiétante et mystérieuse. Elle parvient même à donner une épaisseur physique, charnelle, à son rôle. Elle se trouve en contradiction avec le personnage joué par Lucas Black, plus sérieux, plus grave, plus conscient des problèmes sociaux. Et tout dans la réalisation donne de l'ampleur dans ce propos articulant politique et folie douce-amère. Le décalage contradictoire entre Lucille et Peejoe est permanent. Antonio Banderas filme un personnage décalé par rapport à la réalité: les couleurs, les lumières sont chatoyantes, gaies. A contrario, quand il montre les rixes entre Blancs et Noirs, les images sont plus sombres, parfois au ralenti et en noir et blanc. Dans son premier long métrage, construire un plan pour Banderas veut dire faire le vide. Un plan peut à tout moment changer de figure. Il dure souvent un peu plus que le temps nécessaire à l'oeil pour en cerner les contours et y déceler les forces - d'attraction - en présence. Car une fois l'ensemble perçu, corps, objets, orientation lumineuse, le regard se fixe sur un point précis.
Le film se détache définitivement du spectre du racisme, de l'exploration minutieuse d'une haine stérile, comme pour mieux nous montrer les rêves et la folie des gens d'une petite ville du sud des Etats-Unis. Le long métrage parle aussi de liberté: Taylor est mort pour la liberté; Lucille a tué pour être libre. Et l'on se dit que le cinéaste (en herbe) est désormais prêt à tout. C'est le signe, on l'espère, d'un avenir brillant dans la réalisation. chris
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