Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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For your consideration


USA / 2006

17.10.2007
 



BON POUR LES RAZZIES?





"- C'est un bon film, vous auriez du le faire."

Cruel, parfois juste, souvent bâclé, For your consideration est trop amateur dans son approche, trop parodique, pour devenir culte ou pour être subversif. Toutes les bonnes idées y sont. Mais la caricature semble trop forcée et cette farce sur Hollywood manque souvent son objectif. Certes ce n'est pas un documentaire, mais le titre évoque des campagnes de publicité imprimées dans les magazines professionnels : or, point de campagnes publicitaires en presse écrite, juste des émissions télévisées trash. De même le film qui pourrait être nommé aux Oscars semblent avoir été largement remonté, réécrit, refait en cours de route : jamais nous ne voyons le moindre extrait du chef d'oeuvre annoncé. Nous en restons à l'oeuvre minable que les acteurs tournaient avant que les rumeurs d'Oscars ne corrompent producteurs, scénaristes, acteurs et réalisateur. De même la morale de l'histoire semble un peu facile : un peu de piment et de cynisme n'aurait pas fait de mal.

Définitivement imparfait, la comédie noire a quand même quelques qualités. Le portrait d'acteurs usés, pressés, lessivés, essorés par le système, des survivants à une époque révolue, est fascinant. Autant les autres métiers du cinéma sont dépeints de manière grossière (le maquilleur est forcément une folle), autant les comédiens sont des personnages nuancés, prêts à tout pour arrêter les jobs alimentaires. Le ridicule ne tue pas. De même cette télé maudite et décérébrée, vue comme le grand ennemi, a le droit aux meilleures séquences. De journalistes nuls en animateurs égocentriques et amoraux, l'ensemble de la profession en prend pour son grade et passe, producteurs inclus, pour des ratés et des incompétents.

L'humiliation est jouissive. Mais ce film marginal joue trop sur la victimisation des "losers" face aux puissants pour se singulariser et se démarquer d'un discours déjà entendu. Un film indépendant critiquant Hollywood ou parlant de cinéma, cela devient soit un manque d'inspiration, soit du narcissisme névrosé, soit un fantasme non assouvie de réaliser un film de studio.

Heureusement, même réalisé avec les pieds, c'est cocasse. Tout cette frénésie pour une statuette? Epoque de déculturation, où l'intégrité des artistes n'a plus aucune valeur. L'Oscar devient une drogue dure. Mais le dénoncer à travers un "buzz" médiatique ne suffit pas : il aurait fallu un travail plus approfondit sur la corruption et le lobbying qui entourent chaque campagne. Il lui manque soit une tonalité nouvelle, soit une attaque plus argumentée. L'industrie et les esprits formatés ce n'est pas nouveau. Le mirage et la mystification de la gloire qui parasite le talent ce n'est pas une découverte. Le film est lui même prisonnier. Refusant toute ambition cinématographique, il se met dans le panier des oeuvres jetables. Un comble quand on veut propager une idée contestataire.
 
v.

 
 
 
 

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