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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le deuxième souffle (2007)
France / 2007
24.10.2007
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SOUFFLER N'EST PAS JOUER
Le Deuxième souffle d’Alain Corneau est une œuvre étrange qui oscille constamment entre l’hommage appuyé aux films de gangsters et la reconstitution d’un milieu qui appartient désormais à l’histoire d’une époque. Réadapter le roman de Giovanni quarante ans après l’empreinte laissée par Melville n’était certainement pas chose aisée, même si Corneau possède aujourd’hui un avantage de taille : le temps. Alors que Melville fit de son Deuxième souffle un film contemporain de son époque, Corneau à le recul nécessaire pour le réadapter, le triturer, le moderniser, afin d’accomplir un acte cinématographique de pure création, sans forcément en modifier le contenu.
"Revisitation" donc ; mais pour montrer quoi et comment ?
Il s’agit avant tout de l’histoire d’un caïd qui s’évade de prison au début des années 60 (1960 pour être précis) sans trop savoir où il va, ni ce qu’il doit faire. Cet homme vaincu par le temps part alors à la recherche d’une rédemption illusoire dans un avenir mort depuis le premier jour de son incarcération. La figure de l’homme vaincu, hors la loi pour toujours, se retrouvant au sein d’un milieu qui a changé, entre les amis d’autrefois, la femme qui attend et le flic pugnace mais honnête, plait au cinéma et permet sans doute d’en magnifier la portée symbolique. C’est à partir de ce constat fort simple que les évènements tournent autour de Gu, interprété magistralement par un Auteuil décidément impeccable. Sa psychologie, son être, son désespoir et sa volonté de ne pas se laisser une fois de plus prendre au piège, créent le moteur d’une action qui englobe les « autres », de Manouche à Blot, transformés en fantômes d’un passé révolu.
Si Corneau réussit par endroit son adaptation littéraire, il nous offre sur 2H35 un tableau aux enluminures scintillantes qui capte notre regard, mais l’enferme dans un monde étriqué par étouffement des sens. L’histoire ne creuse pas suffisamment l’affrontement psychologique d’un être libre mais condamné, comme elle ne puise pas assez dans l’humain, malgré un théâtre remplit de volontés singulières. Décevant dans sa concrétisation, Le deuxième souffle le demeure également par une approche de mise en scène qui soulève cette interrogation : Corneau ne s’est-il pas trompé en refusant d’adapter cette histoire à l’aune d’une modernité qui sublime la perte des valeurs dans un monde en proie à l’uniformisation ? Si le thème est bien esquissé par l’intermédiaire de Gu et Blot, deux tragiques réalistes, il reste insuffisamment construit pour créer une innovation narrative qui aurait fait du deuxième souffle un grand film crépusculaire en forme de testament au film noir.
Long métrage fascinant dans son ratage artistique, le deuxième souffle n’oublie pas les clins d’œil d’un genre qui a fait la gloire de Corneau (Police Python 357, Série noire) entre codes, fuites, attentes, trahisons et honneurs. S’il déborde d’une énergie vaine en imposant une véritable rigueur qui honore le réalisateur, celui-ci régurgite ses bonnes intentions dans un rythme de sénateur un brin ampoulé qui vire très vite à l’ennui. La mise en scène le prouve à chaque moment et condamne soit au statisme dans un jeu de rôle emprunté aux dialogues trop écrits, soit à la mise en action spécifiée par des ralentis saugrenus qui alourdissent la dimension tragique du héros. Loin des codes d’un cinéma français riche dans sa froideur et son réalisme, ce long métrage à la coloration à la fois chaude et kitch, soigne assurément plus la forme que le contenu.
En voulant coller au plus près du matériau originel, Corneau livre une œuvre anti-modeste qui additionne tous les défauts inhérents au symbolisme primaire incapable de relever le défi de la revisitation de mythe. Démodé avant l’heure.
geoffroy
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