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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La chambre des morts
France / 2007
14.11.2007
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QUI VOLE UN ŒUF VOLE UN BOEUF
"-J’ai pas de femme, j’ai pas de fille, j’ai pas d’état d’âme."
Qui a dit que le cinéma français ne pouvait pas produire de vrai bon thriller ? La chambre des morts dément fermement cet adage, jouant brillamment avec les conventions du genre et, mieux, les dépassant. Car ce premier film de Alfred Lot n’est pas seulement un policier diablement efficace. C’est aussi un film intimiste et social particulièrement sensible, avec en filigrane, une réflexion sur la difficulté à exorciser un lourd passé, la culpabilité, la monstruosité/normalité, la question du choix et de ses conséquences. La trame élaborée par Franck Thilliez, auteur du polar éponyme ici adapté, est construite comme un puzzle dont on connaît au départ les pièces maîtresses mais pas leur agencement final, puzzle lui-même agrémenté de réactions en chaîne (le fameux effet papillon)... De quoi offrir un suspens sans faille. Mais Alfred Lot ne s’en est pas contenté et s’est permis quelques belles libertés avec le roman original. Etoffant certains personnages, créant des liens qui n’existaient pas dans le livre, il a donné à son film une cohérence de toile d’araignée, dont les fils relationnels, psychologiques, sociologiques se croisent pour former un tout particulièrement réaliste et, surtout, profondément humain. Planté dans une région socialement fortement connotée - le nord de la France - La chambre des morts baigne dans une atmosphère naturaliste soutenue par la caméra d’Alfred Lot qui s’abstient intelligemment de toute surenchère visuelle nombriliste, préférant évoquer plutôt que de démontrer. Ainsi, le milieu policier est-il exposé dans sa globalité la plus triviale, avec ses mésententes, ses moments d’ennui, de paperasse, de complicité, ses pics d’adrénaline, son machisme. Lucie/Mélanie Laurent y incarne brillamment une jeune recrue torturée qui n’est pas sans rappeler Clarice Sterling/Jodie Foster dans le Le Silence des agneaux. D’ailleurs, dans sa réalisation Alfred Lot ne se cache pas d’avoir été influencé par cet incontournable du genre. Il y fait même quelques références explicites : le livre est montré à l’écran et une scène est calquée sur celle où Clarice Sterling va se jeter, seule, dans la gueule du loup au moment où le FBI croit frapper à la porte du tueur. Un bel hommage frissonnant dont Jonathan Demme n’aura pas à rougir. Karine
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