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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le Royaume (The Kingdom)
USA / 2007
31.10.2007
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KINGDOM OF HELL
"- On met les nénés en veilleuse".
Le générique promettait quelque chose entre Syriana et Three Kings, deux films qui ont contribué à rendre moins binaire les conflits américano-irakiens, mais aussi à introduire des éléments plus réalistes et arabophiles dans les scénarii hollywoodiens (cf Jarhead).
Un prologue qui résume de manière pédagogique (et sommaire évidemment) 75 ans de relation trouble et interdépendante entre les USA et le "Royaume", celui de l'Arabie Saoudite. "Une nation où tradition et modernité se heurtent violemment".
De ce postulat, la première moitié du film propose un jeu de billard captivant où les agents américains ne sont clairement pas en situation favorable, ni même en position de force. Là se dessine assez bien une Arabie Saoudite empoisonnée par ses contradictions et une Amérique impuissante dans une culture qui lui est complètement étrangère. Ce premier chapitre s'ancre dans des dialogues, une certaines réflexion, c'est à dire des mise en opposition entre différents personnages s'interrogeant, se jaugeant. Jamie Foxx est alors cérébral, malin, papa sensible et doué, bon flic. No stress. La mise en scène relativement banale, avec caméra à l'épaule et montage serré, rend parfois confus quelques échanges, sans qu'aucune réelle action ne survienne, ce qui est un exploit en soi dans cette époque où l'explosif fait office de sensation essentielle à toute dramaturgie. Ceci dit, nous avions été gratifiés par un début tonitruant à base de dynamitage massive.
History of Violence
La seconde partie dérape vers une conclusion hélas trop classique et attendue. Au bout de 80 minutes, Foxx se transforme en Rambo. Les gros flingues sont de sortie. Les affrontements et les poursuites servent de ligne de fuite à un script qui s'emballe à vide. Le film perd de son intensité sur le fond, ne nous éblouit jamais sur la forme, et l'enquête qui sert de fil conducteur se noie dans une action censée être haletante. L'ennui ne nous gagne pas heureusement. Sans répit, ça castagne. La prise d'otage d'un agent américain transforme le film en jeu d'arcade façon Lara Croft.
Pendant ce temps, The Kingdom s'échappe de son sujet. Il refusait l'antagonisme simpliste, mais se réfugie dans une association d'idées manichéennes. Il y a de bons flics partout, qui peuvent être de bons papas par ailleurs. L'écriture au sirop des relations humaines nuit gravement au portrait d'un flic américain ouvert à des méthodes étrangères ou au coopérant saoudien refusant les actes terroristes de certains de ses concitoyens. Cela aurait pu être fort et passionnant mais on est loin de Heat ou The Insider, si l'on prend des réalisations de Michael Mann, ici producteur.
Le film se conclut sur une note qui se veut réaliste, qui s'avère pessimiste, sur ce combat sans fin, fatal et fou. Mais cela ne suffit pas à le sortir d'une banale histoire de vengeance primitive, là où il avait commencé, si bien, en nous exposant un enjeu politique et psychologique dans une lutte contre un ennemi invisible et tentaculaire. Comme si le cynisme, palpable, avait triomphé des bonnes intentions.
v.
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