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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'heure zéro
France / 2007
31.10.2007
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MORE THAN ZERO
Dans cette entreprise de modernisation et francisation de l’œuvre d’Agatha Christie, Pascal Thomas (opus 2) manque son objectif de régénérescence, et même de réincarnation. Cimme pour Mon petit doigt m’a dit (l’opus 1), tout est ringard, c'est-à-dire délicieusement charmant mais terriblement désuet. Quelque chose de bricolé dans un cadre poussiéreux et hors d’âge (c’est même connoté années 30 dans le style) afin d’éviter le formatage cathodique : et pourtant ça ressemble aux vieux Hercule Poirot rediffusés par les chaînes câblés. C’est en fait très formaté jusque dans le ton, entre fantaisie décalée à la Labrune et atmosphère pesante de chez Bonitzer. Un certain cinéma français s’empare des enquêtes policières britanniques les plus subtiles.
Ce suspens alangui n’a rien de palpitant, au point de vaguement s’interroger sur le véritable criminel, et d’y être assez indifférent lorsque son identité est divulguée. Les rapports psychologiques ne sont pas assez tenus et tendus pour nous intéresser. Il s’agirait donc d’une promenade sur fond (frais) d’air breton. Quelque chose d’irréel (les costumes, les coutumes, les passe-temps) où l’ennui qui guette tous ces morts prématurés ne les fait revenir à la vie qu’en cas de crise : la jalousie, la cupidité, le meurtre. On comprend mal la folie des uns, on comprend trop les gestes des autres. Plutôt que de nous perdre dans un dédale de suspicion, plutôt que de nous faire croire à la culpabilité de chacun, Thomas se contente de dépeindre une « famille » d’empaillés, où les névroses demeurent juste esquissées.
Il faut donc tout le talent de Poupaud, Martines, Mastroïanni pour habiter leurs personnages. En revanche, l’excès du jeu de Smet ou la fausse désinvolture de Morel nous laissent de marbre. Au contraire, le pétillement ludique et la jouvence exposée de Danielle Darrieux montre comment la vieille dame est la seule à être cohérente à la fois avec l’univers de Christie et la direction artistique de ce film. Elle est la seule à avoir saisi qu’il s’agissait d’un jeu, comme lorsqu’elle découvre avec émerveillement le contenu de sa boîte magique, qui ne chantonne pas mais qui tient d’autres promesses : l’opium.
Alors on rêve de ce qu’aurait pu faire un Raoul Ruiz. Quitte à métamorphoser la grande Agatha et ses enquêteurs, pourquoi en pas la conduire dans un univers onirique et absurde. Là, nous sommes entre deux, sans jamais être convaincus de l’intention. Trop factice, trop fictif, cette Heure zéro n’est même pas plongé dans le fait divers réaliste ou le crime social justifié. C’est un film d’époque avec sa littérature, son théâtre, et son classicisme, masqué, vaguement, par les oripeaux d’un cinéma de genre : celui qui hante avec nostalgie ces cinéastes qui n’ont ni la curiosité de leur monde ni l’ambition artistique. On hume alors le Parfum de la dame en noir. ON se dit que le cinéma français sent la naphtaline.
v.
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