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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Lions et Agneaux (Lions for Lambs)
USA / 2007
21.11.2007
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LA GUERRE DES MOTS
«- Je n’apprécie le matin qu’à partir de midi.»
Robert Redford, en voulant éviter ton manichéisme ni renier ses convictions personnelles et politiques, propose une œuvre bancale, plus théâtrale que cinématographique, reposant sur un montage serré, oubliant ainsi toute ambition cinétique. Lions for Lambs se veut dialectique, il en devient didactique. Le film cherche à comprendre les contradictions d’une Amérique, il ne fait que poser de tristes constats sur un système à bout de souffle. Si l’on compare à des films équivalents – de Wag the Dog à Syriana en passant par Les hommes du Président – ce lion rugit faiblement. Se reposant avec trop de fainéantise sur son casting chic et professionnel, il oublie de nous griffer en dehors de quelques répliques cinglantes.
Pourtant cet exercice sur l’interprétation des faits selon l’angle observé mérite attention. Mais à trop couvrir de sujets, avec un formalisme trop simpliste (trois duos qui s’intercalent au cours de quelques heures), le film esquissent sommairement ce qu’il aborde, comme, par exemple, l’ignorance (la meilleure des armes pour les puissants).
Redford, non content de foncer dans des portes ouvertes, rend un brouillon où la bataille en Afghanistan est inintéressante et le dialogue entre le prof et son élève, malgré des bonnes critiques sur les perversités du système éducatif, complètement confus. Le discours se perd dans les méandres d’un message mal défini.
En installant son film sur un triple duos – le républicain et la démocrate, le latino et le black, le vieux prof et le jeune étudiant – il donne une lecture trop binaire de cette soupe philosophico-politique. Pourtant, sans doute pour le plaisir de voir ces comédiens s’affronter, on regarde ces lions s’entredévorer et faire croire qu’ils sont des agneaux. Dans ce jeu de questions réponses, les arguments volent finalement assez bas. Le passé s’arrête au 11 septembre 2001, le prix à payer n’a pas d’importance... Du coup Meryl Streep hérite du beau rôle entre autocritique et pertinence d’analyse. «Des renseignements défaillants, des décideurs n’ayant jamais combattu, une mauvaise communication». S’ajoute la complicité responsable des médias. Une stratégie politique au scalpel qui ne suffit pas à masquer les grossiers défauts d’un film paresseux et peu inspiré. Il ne suffit pas de constater dans des huis clos figés que la démocratie est malade avec quelques phrases évidentes. L’effet de dominos, voulu par les dominants, tombe un peu à plat tandis que «Rome brûle». Le film est de belle facture, mais la fin elliptique laisse perplexe et nous renvoie l’échec d’un auteur à parler librement, c'est-à-dire avec une pensée pas forcément correcte, de sa nation qui prend l’eau.
v.
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