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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les deux mondes
France / 2007
21.11.2007
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"- Personne ne va manger personne"
Le scénariste réalisateur et acteur Daniel Cohen, s’essaie à la comédie dramatique fantastique mais rate (avec éclat, certes) son audition : une idée originale trop formatée par des conventions déjà vues ne peut être transcendée lorsque le final est, en plus, trop moralement correct.
Il met en scène un homme d’une banalité déconcertante, joué par un Benoit Poelvoorde préé-dépressif et post-Podium (on est entre la névrose de l’homme urbain esseulé et l’adolescent fantasmant), spectateur de sa vie qui va se découvrir des capacités insoupçonnées en se retrouvant du jour au lendemain messie (et Dieu) d’un monde parallèle. L’allégorie est plutôt bien construite mais les passerelles entre les deux mondes ne provoquent pas l’étincelle nécessaire pour enflammer, avec folie, nos imaginaires.
Pourtant Les Deux Mondes débordent de nombreuses (bonnes) idées. Trop. De l’autocratisme d’un personnage frustré déccouvrant son potentiel à la capacité d’échapper du réel par le rêve et l’innocence enfantine, de l’obscurantisme à la révolution citoyenne, le film pouvait devenir une pépite poétique et onirique sur le besoin de virtualité pour soulager la réalité, sur cette quête difficile de la liberté. L'intercommunication quasi permanente entre les deux univers se chargeant peu à peu de transformer notre héros en chef de guerre chez les primitifs. Mais cette interconnection ne marche pas à tous les coups... Parce que le film s’apparente davantage à une BD (la preuve ces sous titres très graphiuqes, une autre idée originale mal exploitée) où les séquences fonctionnent linéairement alors que tout est interactivité.
Ces trouvailles astucieuses malheureusement mises en valeur par les indécisions du réalisateur. Là où le savoir-faire comique américain saurait orienter sans mal son concept créatif pour laisser carte blanche à cette comédie, Daniel Cohen, lui aussi, est partagé entre deux mondes, celui du rire et celui de la morale. L’irruption du fantastique dans cette comédie, censé traduire les tourments intérieurs de cet homme finit, hélas, par déséquilibrer ce long métrage et nous mettre presque mal à l’aise face à ce cauchemar.
Entre trop et pas assez, le cinéaste hésite. Ainsi, ces deux mondes sont laids, maladroits, trop simplistes, bien qu'ils tendent à susciter un soupçon d'attachement par l'émerveillement. On est plus proche de RRRrrrr que de La machine à explorer le temps, à qui il rend un hommage appuyé. Dans ce brouillon élaboré, Poelvoorde parvient non sans mal à exister avec ce personnage de français moyen qui se surpasse. Mais son charisme est restreint par un script qui l’enferme dans un entonnoir où la sortie du tunnel est trop convenue.
Nous voilà donc nageant entre ces deux mondes, ne sachant pas lequel nous intéresse le plis. Dans un cas comme dans l’autre, les situations et les gags n’arrachent que quelques vagues sourires. Le divertissement n’est pas désagréable mais les regrets sont palpables. Il suffit de revoir Le Magnifique pour comprendre qu’il n’est pas aisé de faire vivre un personnage entre deux vies, l’une misérable, l’autre héroïque. Mais Poelvoorde propose le personnage du clown triste où la dérision ne fait que cacher l’amertume. Du coup il s’enfonce... christofer
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