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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Tous à l'Ouest
France / 2007
05.12.2007
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ESCORT BOY
"- Je vous rend vos fringues, mais vous me donnez vos flingues."
Toutes les intentions sont bonnes et reconnaissons au moins, contrairement au récent Astérix chez les Vikings, que ces aventures de Lucky Luke ont été plus ambitieuses dans leur volonté de modernisation du mythe. Certes le prologue est un peu excessif (un rap de Rantanplan idéal pour la promo radio) dans sa phase de reconquête d'un public plus "djeunz". "Je crois que je vais me remettre à la country", résume assez bien notre état d'esprit après un tel choc plus marketing que créatif. Mais le générique "daltonien", c'est à dire jaune et noir, nous renvoie surtout à l'esprit de La panthère Rose (ou de Catch me if you can). D'ailleurs Lucky Luke et les Dalton c'est une histoire sans fin de chat et de souris, remettant en jeu, et sans cesse, l'issue de la partie. De là, nous voici dans un grand huit. New York est chic et bien dessiné. Le premier quart d'heure est démentiel, pas très loin d'un Tex Avery, avec un loup/Joe Dalton frénétique et Droopy/Lucky Luke flegmatique. Les délires visuels, la musique "gerswhinesque" ne nous laissent aucun répit. Quelques ingrédients contemporains s'y glissent, comme Goscinny aimait le faire. ici Superman, King Kong, Il était une fois dans l'Ouest, Vertigo, Matrix, Le pont de la rivière Kwaï, pub Eram, ou la "véritable" création de l'Iron Building ... C'est plus ou moins convainquant quand il s'agit des 2 Magots devenus The Three Magots ou quand le flic de la NYPD a l'accent marseillais.
Si le film s'inspire essentiellement de "La caravane" (N°24, 1972), il reprend de nombreux gags provenant d'autres BD, et pas des moindres (la copie du revolver fabriquée en savon). Evidemment la mécanique fonctionne un peu moins bien que dans une case BD figeant les airs crétins d'Averell en véritable figure expressionniste de la naïveté. Le film exploite aussi les meilleures répliques de la série ("- C'est pour un dépôt?- Non c'est pour un retrait" lors d'un casse). La caravane sert de fil conducteur, peut être trop fin pour proposé une épaisseur, c'est à dire une lecture à plusieurs niveaux; d'autant que les personnages excentriques de la BD disparaissent derrière les écrasants Dalton (qui n'étaient pourtant pas de l'aventure à l'origine). Les quatre bagnards sont d'ailleurs si charismatiques que Lucky Luke et sa fidèle monture semblent relativement absent. La fadeur du héros tient aussi dans les dialogues. Là encore les quatre frères s'arrogent les meilleures scènes, comme des vedettes comiques du cinéma d'avant guerre. Il suffit de comparer cette phrase de Joe "C'est la cervelle que tu devrais t'astiquer, crétin des Rocheuses!" à cette réponse de Lucky ("- Nous avons besoin d'être en Californie en 80 jours. - 80 jours? Et pourquoi pas le tour du monde?").
Pourtant, le dessin animé parvient à surmonter des obstacles a priori plus casse-gueule. Notamment l'illustration bien trouvée de cet homme qui tire plus vite que son ombre. De même en utilisant le noir et blanc, le muet, la mélodie d'une BOF ou les sons modernes, le film use avec malice d'anachronismes qui faisaient la marque de fabrique de son auteur. Le 2D n'empêche pas une certaine stylisation et un respect aux couleurs chaudes et contrastées de Morris. On regrette donc l'absence d'un scénario plus dense, plus riche. Car le divertissement est bien présent, et l'amusement fera rire les moins de dix ans. Car le rythme fou de certaines séquences et la variété des références démontrent à quel point Tous à l'Ouest n'a pas perdu le nord en cours de production. La fumée des indiens fait des @ mais les pin-ups sont voluptueuses comme il faut. Dans cette BD souvent masculine, il y a même une belle idée aérienne et féminine pour atteindre la Californie. Les époques se mélangent, on cesse de fumer le calumet (on se patche désormais). Tout s'assagit, se moralise... Ce n'est donc pas du côté de l'histoire que Goscinny aura des héritiers.
En revanche, Morris peut se féliciter d'avoir inspiré une armée de dessinateurs qui se sont éclatés à croquer un final spectaculaire avec poursuite dans une mine. Une attraction de fête foraine digne de Monsters Inc ou L'âge de glace. Cela met du relief à ce film un peu à plat hors des scènes d'action et des cocasseries burlesques du quatuor bête et méchant. Rien de déshonorant, surtout si une génération de gamin décide de vouloir lire les BD après avoir vu ce film... v.
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