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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La graine et le mulet (la graine et le mulet)
France / 2007
12.12.2007
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REFUSER DE MOURIR
"Je ne veux pas partir avant d'avoir laissé quelque chose à mes enfants."
La Graine et le Mulet est un « feuilleton familial » dont la portée symbolique est riche d’enseignement. Cinéaste totalement impliqué dans cette aventure humaine, Abdellatif Kechiche assemble des images du quotidien pour nous offrir un chant troublant qui transcende les êtres et construit les rêves.
L’abnégation d’un homme dans un environnement social difficile ou subsiste malgré tout des espérances, favorise le discours d’un réalisateur qui flirte continuellement dans la
sur-démonstration des scènes et des situations. Pourtant ce fil tendu est souvent beau, sincère et affirme un cinéma, le sien. Parlant d’une communauté sans jamais tomber dans les travers du communautarisme, nous voyons émerger des hommes et des femmes unis par des liens familiaux parfois tendus, souvent évocateurs et trans-générationnels. Abdellatif Kechiche parle donc du sacrifice, du legs et de la mémoire. Simplement, douloureusement.
Plutôt linéaire dans sa structure narrative, le cinéaste ne se refuse pas à instaurer des lignes de fracture internes en utilisant le temps pour structurer son récit. Concentré essentiellement autour de la dimension sociologique d’une histoire forte car avant tout intime, ce film à l’écriture ciselée et réaliste nous fait penser au cinéma de Pialat et pousse jusqu’au bout la vision d’un réalisateur totalement investi dans une entreprise frôlant tour à tour l’excès et le génie.
Essai d’un cinéma qui valorise l’individu dans une sociologie marquée par une diversité de « je » dans un jeu choral favorisant sans aucun doute la portée universelle des évènements vécus, cette mise en scène de l’humain touche forcément parce qu’elle devient le leitmotiv d’un cinéaste faiseur de rencontres. Source d’imbrications subtiles et féroces, ce troisième long métrage impose une identité particulière mais non exclusive en imposant un rythme, une narration, un décor et des visages. Il formule des constats en libérant la parole (force et faiblesse d’un film qui joue frontalement sur cette libération du « verbe »), en explorant des mythologies et en associant dans un étalement de sentiments imbriqués rarement aussi prégnants le réalisme et la dramaturgie.
Une langue au coeur de la transmission
Ce chant du cœur devient un chœur qui accompagne le vieux Slimane dans sa reconversion. Il s’agit des membres de sa famille, qu’ils soient naturels ou d’adoption, des vieux du port assis à l’hôtel de l’Orient, des «administratifs » ou des notables de la ville de Sète. Tous participent à la cohérence d’un univers qui se concentre sur cette tranche de vie, celle d’un ouvrier des chantiers navals qui décide d’ouvrir un restaurant spécialisé dans le couscous au poisson. Reconversion aussi bien professionnelle que personnelle, ce destin compose une photographie plutôt pertinente des hommes de la génération de Slimane. Abdellatif Kechiche crée autour du personnage interprété magistralement par Habib Boufares, des situations qui ressemblent à des graines semées donnant vie à un environnement fait de tradition, de modernité et de résistance. Avec l’aide de sa belle-fille (troublante Hafsia Herzi), il tracera dans un final dramatique, les sillons d’un demain pour accomplir jusqu’à l’épuisement son rêve.
Certains y verront peut être la tentation d’un verbiage inutile dans des scènes à la longueur exténuante qui prônent un réalisme social actant les principes de solidarité et d’identité. Peut être. Pour nous, il s’agit assurément d’un essai sobre et fort qui structure un langage mixte osant affronter sans retenue le droit à la liberté. La danse de la jeune Rym explore ce champ des possibles et capte l’attention d’un spectateur touché par ce geste d’amour. Enivrant et cristallin à la fois ; une perle rare. geoffroy
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