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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Journal d'une jeune Nord-Coréenne
Corée du Nord / 2006
26.12.2007
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Si LOIN, SI PROCHE
"Une fille est plus belle quand on le lui dit"
Spectateurs, saurez-vous être méritants ? C’est qu’il faut du courage et de la bravoure pour affronter ce pur film de propagande nord coréenne qui cherche surtout à prouver que se sacrifier pour sa patrie est la plus belle des récompenses. Rien de bien étonnant, quand on connaît la situation politique nord-coréenne, et surtout lorsque l’on sait que le film a "bénéficié des conseils" du cher leader Kim Jong-Il ! Il ne reste alors plus qu’à faire abstraction des passages les plus ouvertement engagés et tenter de lire entre les lignes ce que ce curieux film peut bien nous apprendre sur la réalité du pays.
Le personnage central de la jeune lycéenne ingrate, qui n’aspire qu’à un bonheur purement matériel, en dit ainsi long sur une jeunesse nord-coréenne pas spontanément prête à suivre la voie de ses parents. A moins qu’il ne s’agisse d’une dénonciation de la mauvaise influence des régimes occidentaux sur la belle jeunesse du pays. Lorsque Su-ryeon se fâche pour une histoire de panier-repas peu ragoûtant, on voit même poindre une critique se voulant féroce du voisin sud-coréen où domine le modèle de l’enfant-roi. Par ses réactions excessives, la jeune héroïne rend grotesques et ridicules les désirs égoïstes. Au contraire, la réaction d’abnégation de la mère (qui cuisine un repas somptueux pour se faire pardonner) célèbre les valeurs familiales et gomme l’impression de misère qui se dégage de leur foyer. Cette pauvreté, assumée au cours de nombreuses scènes (la prise de courant prenant feu, la cheminée qui s’écroule, la confection de caramel de pommes de terre), devient alors un atout de plus, comme une preuve supplémentaire du dévouement total de cette famille à sa patrie.
Les préoccupations, voire obsessions, de chacun des personnages (la science pour le père, la vie en appartement pour Su-ryeon, le football pour sa sœur…) nous semblent étonnamment proches, tout en étant si outrées qu’elles en deviennent ridicules. Vision fantasmée d’un Occident sur le point d’imploser tant il s’est détourné des "vraies" valeurs ou tentative maladroite de réhabiliter une Corée du Nord au fond pas si lointaine de sa jumelle du Sud ? Difficile de saisir les subtilités de la démarche tant le message officiel brouille tout le reste. D’ailleurs, d’un point de vue purement cinématographique, c’est le même problème. On a bien du mal à supporter l’absence de rythme, le ton qui oscille sans cesse entre élégie et mélodrame, le jeu excessif des actrices, la vacuité du scénario, sans oublier les petites séquences de chants à la gloire du "cher général" sauveur de la nation et protecteur des orphelins, qui "part au combat comme les enfants vont en vacances". La forme ne rattrapant pas le fond, ce Journal d’une jeune Nord-Coréenne en est réduit à demeurer une curiosité cinématographique pour spectateurs en mal d’exotisme. MpM
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