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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Dancing Queens (Razzle Dazzle A Journey into Dance)
Australie / 2007
09.01.2008
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PRETTY DANCING
«- Tu as vu la loge ?
- Oui, ça grouille de Shirley Temple ! »
Sous ses paillettes et son kitsch, Dancing Queens a les allures d’un simili docu ou d’une fiction réalité. Mais, à mi chemin entre un reportage télévisé et un avatar de Little Miss Sunshine, il contourne surtout son manque de moyen par un effet de style pour illustrer un joli script aux rebondissements bien maîtrisés et produire un film charmant boosté par son montage efficace .
Derrière un pseudo concours et sur fond de musiques un peu ringardes, ce film australien imagine une bataille à la David contre Goliath tout en dressant le portrait d’un monde adulte survolté, névrosé, mal dans sa peau et transmettant toutes ses frustrations à leurs progénitures. Bien sûr le scénario ne réinvente pas la narration cinématographique. D’un côté les bleus, non conventionnels : une équipe un peu marginale, des locaux un peu cheaps, un échauffement bordélique, des chorégraphies basées sur le spontané, des costumes punks et un professeur qui mêle l’activisme et la politique à tous ses discours. De l’autre, les roses, bien académiques : une professeure méprisante et prétentieuse, une méthode qui frôle l’exigence perfectionniste inhumaine, des danseuses poussées à l’anorexie, des tutus, des chignons bien faits, un raffinement qui ne supporte pas la sueur. Mais «les valeurs se perdent. Les comédies musicales sont censées parler d’amour, pas de maladies.» On le voit bien l’art ne peut plus se contenter de faire rêver. Et ce film nous amuse autant qu’il cherche à nous interpeller. Cela reste superficiel mais, toujours humble, le sujet parvient à son objectif sans trop de strass ou de mauvais goût.
A travers ce clivage binaire, le film déroule son tapis rouge vers un happy end qui ne nous surprend pas et nous fait même plaisir, flattant notre morale dans ses plus bas instincts où le chevalier doit triompher de la sorcière. Mais entre temps, Dancing Queens aura donné du relief à des personnages un peu braques, et du souffle à des scènes qui auraient pu en manquer. C’est sans aucun doute cela qui est réjouissant, au final. Ce n’est pas d’avoir vu des jeunes danseurs passionnés et obstinés ou une bataille de chorégraphies tout aussi ambitieuses que maladroites. Il s’agit plutôt de notre consternation vis-à-vis de parents souvent pathétiques, parfois touchants, jamais vraiment responsables, mais forcément un peu coupables. Le diktat de la célébrité et la tyrannie des loisirs ont forgé les conditions du désastre où des enfants se voient voler un hobby et leur innocence au nom d’un futur hypothétique basé sur la compétition, la réussite, la reconnaissance. Les vieilles rombières qui prennent leur compétition au sérieux sont largement surpassées par de maman gagas et ogresques, des gays (refoulés ou non) midinettes. L’impérialisme parental est à l’origine de toutes les séquences dramatiques ; bizarrement l’art est relégué au rang d’outil pour atteindre le podium... La réussite du Maître de ballet est du coup plus réjouissante pour le spectateur, laissant les acharnés de l’entraînement dans le camp des perdants. Mais grâce à sa douce ironie et son peps , la comédie met du baume sur ce conte de fée où la liberté reste le seul idéal à poursuivre.
v.
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