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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le libre arbitre (Der freie wille)
Allemagne / 2005
30.01.2008
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PULSIONS
"Je veux servir d’exemple et montrer qu’on peut mener une vie saine et normale même en ayant mal commencé."
Conditions nécessaires pour aller voir ce film : être particulièrement intéressé par le sujet traité et surtout avoir le cœur bien accroché, car on y assiste à plusieurs scènes d’agressions sexuelles particulièrement violentes et détaillées, filmées frontalement et sans fard. Pas question de choisir le film au hasard, sous peine d’en ressortir traumatisé. Et encore, il n’est même pas dit qu’une fois ces précautions respectées, les spectateurs courageux qui se seront aventurés devant Le libre arbitre en supporteront les 2 h 48 de malaise et de souffrance. Car on se sent franchement mal, physiquement, d’assister à la longue convalescence de Théo, tiraillé entre des pulsions effroyables qui le mettent à la torture et son espoir de s’en sortir. La lenteur du film, pour ne pas dire sa pesanteur, crée une atmosphère à la limite de la claustrophobie qui renforce le mal-être du personnage comme celui du spectateur.
Matthias Glasner prend bien soin de garder ses distances et de ne jamais ni excuser ni embellir son personnage, interdisant toute sympathie envers lui. Toutefois, la manière dont il filme son histoire d’amour impossible avec Nettie, une jeune femme presque aussi perdue que lui, met en relief la solitude extrême qui le dévore. Une certaine empathie peut alors fonctionner. Il ne se trouvera probablement personne pour le trouver sympathique, ce qui aurait été excessif, mais à cause de cette parcelle d’humanité qu’il parvient à exprimer en aimant, il apparaît soudainement plus proche de nous : un semblable altéré plutôt qu’un monstre à visage humain.
On cherchera en vain une volonté d’exemplarité dans Le libre arbitre, tant Matthias Glasner s’abstient d’ériger Théo en archétype. Au contraire, tout est fait pour qu’on le perçoive comme un individu parmi d’autres, censé donner à réfléchir sans naïveté ni passion sur le sort que nos sociétés policées devraient réserver à leurs pires criminels. Le message de Glasner est simple, en forme d’alerte (il faut aider les récidivistes potentiels à gérer leurs pulsions et ne surtout pas les abandonner seuls dans la nature) plutôt que d’espoir angélique (les aider ne suffit pas forcément à les sauver). C’est pourquoi son film trouve sa place dans le débat actuel sur la loi contre la récidive. Enfermer n’est rien, il faut accompagner, comprendre et aider les personnes souffrant de déviances, aussi horribles soient-elles. Pas dans le but d’adoucir leur sort, mais pour prévenir toute rechute, voire empêcher tout passage à l’acte. Car sans aide ni soutien, comment se sortir seul d’une telle douleur, d’une telle solitude et d’une telle abjection ? MpM
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