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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La famille Savage (The Savages)
USA / 2007
20.02.2008
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CHIENNE DE VIE
"- On s'occupe de lui mieux qu'il ne l'a fait pour nous."
Tamara Jenkins nous avait déjà épaté avec ses Taudis de Beverly Hills, chronique déjà grinçante, à l'instar de La famille Savage. Sa vision hors champs d'un
Beverly Hills de classe moyenne pour ne pas dire précaire, trouve son écho dans le prologue de ce film. Ici, la réalisatrice illustre son générique avec un American Dream
Factce, manière de montrer que la vie n'est pas là : des mamies qui imitent des majorettes, des vieillairds qui jouent au golf ou à la pétanque, une ville uniforme au gazon bien
tondu en plein désert, et finalement un troisième âge ludique et régresif. Cruelle vieillesse où plus on vieillit plus on redevient dépendant, comme les enfants.
L'affectif est le moteur de ce film. C'est à dire ue le plaisir ne peut pas y avoir sa place, puisque chaue être sollicite trop de l'autre. Jenkins n'en fait jamais quelque
chose de pathétique, préférant le caustique ou l'acide. Du coup, elle plante rapidement son décor entre l'inhumaine et difficile New York et la froide et dépressive Buffalo. La
cinéaste aime filmer cette Amérique qu'Hollywood a oublié, ses motel pour bourges, ses hôpitaux pour tous, ses obèses et ses autouroutes urbaines. Même les personnages n'ont
rien de l'Amérique moyenne. Lui - Philip Seymour Hoffman intérieur et dense - enseigne la "rage oedipienne chez Beckett". Ici "on n'est pas chez (son) psy, mais dans
la vraie vie." Elle - la toujours parfaite Laura Linney - se rêve dramaturge, tout en ratant lucidement sa réalité.
Portrait bouleversant de la vieillesse et de la mort, il souligne l'échec de notre société à affronter notre propre fin, et donc à passer à côté de son chemin. Car comment
apprendre à vivre si l'on ne commenprend pas sa précarité. Plus simplement, la réalisatrice fait le lien entre une enfance brisée et un adulte cassée. De même, elle prouve les
limites d'une délégation des responsabilités. Lorsque les deux enfants placent leur père dans une maison de retraite, ils prennent conscience qu'il s'agit de l'antichambre d'une
mort inévitable. On a beau construire pour les vieux des décors merveilleux cherchant à anesthésier la culpabilité des plus des enfants, la mort est puante, pisseuse, merdique.
Cela leur servira de catharsis, les obligeant à revoir leurs principes. Hoffmann craque quand il mange les oeufs de sa fiancé. Linney se surprend à embrasser un quasi inconnu.
La relation frère / soeur est rarement abordée au cinéma. Le talent des comédiens et le regard de Jenkins rendent ce couple aux détails étudiés, complice et rival. Paumée ou
névrosée, cette génération née en pleine guerre du Vietnam est handicapée du bonheur.
Hormis la grosse ficelle des orteils qui se recroquevillent, le scénario est habile et ne cherche rien d'autre que de libérer ses personnages et les rendre heureux. "Each day
is my beginning". L'épanouissement individuel ne serait pas possible sans une implication collective.Jenkins ne fait qu'éclaricir l'horizon et donner de l'oxygène. Les
dernières séquences respirent un air différent, sans être exotique. Ce mélodrame insuffle suffisamment d'émotions différentes pour ne jamais s'apesantir sur son sujet et nous
ennuyer. Les disputes précèdent les tentatives de conciliations ou succèdent aux discussions dérisoires. Elle est dans la sensation, l'émotovité, lui dans le pragmatisme, la
réalité. Mais c'est elle qui affronte le réel, et lui qui le fuit. Récit dépourvu d'intrigue, La Famille Savage est dans cette dialectique permanente, qui lui permet de
s'échapper d'un genre prédéfini. Il s'offre même des interludes crapoteux et compremettants. Mais, en oscillant constamment entre les deux personnages, le film ne quitte jamais
son aspiration : une fin harmonieuse. Et c'est ce qui rend La famille Savage, si attachant, si sage. v.
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