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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'orphelinat (El Orfanato)
Espagne / 2007
05.03.2008
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LES FANTOMES DES GOYAS
«- Un, dos, tres…toca la pared.»
Le cinéma espagnol revient sur le devant de la scène avec un film de fantômes. Encore un ? Oui, mais pas n’importe lequel. Celui-ci tire véritablement son épingle du jeu et trouve à se démarquer en alliant l’angoisse et la psychologie de ses personnages de façon admirable. D’autres réalisateurs espagnols avaient auparavant ouvert la voie à ce jeune talent. Mais Juan Antonio Bayona fait bien plus que de s’engouffrer dans cette brèche et copier ses comparses du genre. Même si les thèmes de son film ne sont pas fondamentalement inédits, le réalisateur les aborde de manière différente et réussit à donner un nouveau souffle et une nouvelle ouverture à ce cinéma de fantômes dont il a su utiliser les codes tout en les imprégnant de sa marque personnelle. Il faut dire aussi que Bayona était bien entouré puisque parrainé par le désormais célèbre Guillermo del Toro (ici producteur), grande figure du genre, et accompagné par la belle et talentueuse Belén Rueda, femme sublime qui imprime son angoisse sur chaque plan du film.
Sans effets spéciaux tonitruants comme c’est le cas parfois dans ce cinéma, Juan Antonio Bayona s’appuie essentiellement sur une mise en scène qu’il maîtrise parfaitement et par laquelle il installe le décor et l’atmosphère de l’orphelinat, grand manoir perdu au milieu de nulle part. Rien aux alentours ne permet de montrer que vie existe. Ses personnages sont perdus, comme seuls au monde. Seul le phare sur la falaise pourrait leur permettre de trouver un point de repère dans le brouillard qui les entoure, mais celui-ci ne fonctionne plus depuis des années.
Cette grande bâtisse, où aucune âme ne semble respirer, est pourtant le théâtre de choses étranges et le cœur de vies plus étranges encore. Son architecture quasi fantastique, ses parquets et portes qui grincent, ses pièces immenses et vides…Par quelques mouvements de caméra et bruits hors-champ, l’angoisse s’installe. Bayona a réuni tous les éléments et les a harmonisés selon un ordre bien précis, entraînant ainsi son héroïne dans un jeu de piste devant la mener à son fils disparu, à ce monde parallèle dans lequel lui et ses camarades imaginaires se plaisent à s’enfermer. Mais les couloirs infinis ont des murs aux oreilles grandes ouvertes. Le monde parallèle dans lequel Laura se perd l’éloigne peu à peu de la réalité, de notre réalité. Celui-ci a les traits d’un univers où les enfants ne grandissent pas, ne veulent pas ou ne peuvent pas grandir, à l’image de l’île aux enfants de Peter Pan, mais en version quelque peu plus sombre.
Ici se trouve la clé principale de la grande réussite du film. Le cinéaste n’a pas réalisé un simple film de fantômes. L’angoisse n’est pas le maître mot de cette œuvre à laquelle Bayona ajoute une part psychologique très importante, plongeant ainsi le spectateur dans le drame du deuil, celui d’un enfant. L’orphelinat oscille alors entre quête initiatique et retour vers une enfance perdue sur fond de fantômes tout droit sortis du passé de la petite orpheline qu’était Laura. S’immergeant dans les dédales de son passé, la mère trouvera en la fillette qu’elle était les clés lui permettant de résoudre l’énigme du jeu de piste.
Le cheminement intérieur du personnage se mêle alors admirablement à l’angoisse de ses fantômes pour aboutir à un film qui vous prend et ne vous lâche qu’une fois le générique apparu sur l’écran... et encore, pas sûr.
Difficile de croire que l’on est ici en présence d’un premier long métrage tant la maîtrise est absolue d’un bout à l’autre. La plastique du film est superbe et la caméra trouve le parfait équilibre entre fluidité et intensité aux moments opportuns. Aucune lourdeur ne vient entacher cette mise en scène digne des plus grands. Juan Antonio Bayona est définitivement un jeune talent à surveiller de très près… Morgane
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