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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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MR 73
France / 2008
12.03.2008
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LE CERCLE NOIR
“Pas de plainte, pas de coupable. Pas de coupable, pas de sanction.”
Dernier volet du triptyque qui a commencé avec Gangsters, MR 73 est un film plus intimiste que 36, quai des Orfèvres. “Dieu est un fils de pute et un jour je le tuerai”, sentence crachée par Auteuil dans les premières minutes du film, comptera sûrement parmi les répliques culte du cinéma français. Passé ce préambule un peu artificiel dans sa volonté de frapper fort, MR 73 s’ouvre sur un Daniel Auteuil hagard, suintant l’alcool et la souffrance. La caméra le suit, danse, fusionne avec lui sur une chanson de Léonard Cohen. Ce générique, sublime, livre déjà toute la perspective du film : on entre dans une histoire d’hommes, de trauma, de naufrage et de rédemption. Une histoire de flics rongés par le poids de la fonction, d’âmes dévorées par leur passé, d’idéalistes déchus qui traînent leur désespérance dans un Marseille glauque et sans accent. Certes, les personnages évoluent en binômes dans une métropole irréelle car stylisée, avec d’un côté les bons et de l’autre les salauds. Certes, on y boit des litres de whisky, on y inhale les cigarettes par paquets et on y débite des répliques sur-écrites. Mais parce que Marchal assume pleinement le genre dans lequel il s’inscrit, n’hésitant pas à citer des classiques du genre comme Le Cercle rouge, cela fonctionne et cela fonctionne très bien. Cela tient également à la sincérité de sa démarche. Le réalisateur s’inspire en effet d’une affaire sordide qui l’a conduit à quitter la police et MR 73 transpire son implication émotionnelle, au point d’apparaître comme un exorcisme. Dans ce film, il s’agit moins de montrer la violence que de parler de ses impacts. C’est là sa grande force, c’est aussi sa faiblesse. Car on peut se lasser de ces plans chorégraphiés sur l’antihéros alcoolique, de ces flashbacks réguliers en noir et blanc, même si le réalisateur a eu la bonne idée de les rattacher en permanence au temps de l’action. Littéralement habité par ses fantômes, Auteuil porte le film de bout en bout, assisté par des seconds rôles efficaces, dont Olivia Bonamy et sa coiffure insolite (une perruque ?). Pourtant ce requiem qui évoque Seven et The Pledge ne parvient pas à atteindre l’intensité de Fincher et de Penn. Il souffre également d’une conclusion peu inspirée, en partie préfigurée par le nom du flingue qui donne au film son titre. Le symbolisme de la passation de vie est déjà archi-convenu en soi. Développées sur une longueur excessive ses velléités lyriques frôlent le ridicule. C’est comme si Marchal louvoyait au dernier moment, refusant de sacrifier son héros pourtant condamné dès le départ. Cette fin peut toutefois se justifier par une métaphore autobiographique qui se résumerait ainsi : le marshal est mort, vive Marchal ! Karine
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