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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le dernier repas (Majimak babsang)
Corée du Sud / 2006
19.03.2008
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REGIME SANS VIE
"La vie est une souffrance"
Certains cinéastes sont persuadés qu’il n’est pas possible d’évoquer l’Humanité et sa triste condition sans avoir recours à une certaine grandiloquence. Cela ne donne pas forcément des films spectaculaires, non, mais nécessairement extrêmes, comme démesurément disloqués pour correspondre à un certain idéal d’absolu et de fulgurance.
Gyeong Tae Roh réalise ainsi une sorte de poème radical composé d’une succession de longs plans larges et fixes quasiment muets qui donnent à voir une juxtaposition austère de moments absurdes, pathétiques ou féroces. Il étire par exemple au maximum une bagarre entre deux femmes ayant repéré la même place de parking, ou s’oublie dans la contemplation douloureuse d’un défilé aux accents déchirants. A mi-chemin entre le burlesque cruel et la mélancolie insondable, ses personnages sont pris dans l’étau de leur existence misérable, donnée en pâture au spectateur avec une certaine pointe de misérabilisme. Ici, il ne peut être question ni de bonté ni d’amour, et même le sexe se révèle sinistre, voire sordide, et forcément payant, puisque tout est souffrance. Si au moins le réalisateur offrait en contrepartie une pointe de compassion, peut-être pourrait-on le suivre. Mais même le nouveau départ proposé "aux âmes en peine" (aller vivre sur Mars) dénote une ironie mordante et cruelle. Décidément, Gyeong Tae Roh n’a pas beaucoup d’affection pour ses semblables.
Alors, à moins de se laisser séduire par la beauté plastique des scènes, ou d’être amateur de méditation aride sur l’horreur de la condition humaine, on reste complètement hermétique au message essentiel du film. Pire, on est révolté par ce portrait impitoyable de l’Humanité, pessimiste jusqu’à l’écœurement, qui observe le monde à travers une loupe violemment déformante. MpM
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