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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les larmes de Madame Wang (Ku qi de nü ren)
Chine / 2002
26.03.2008
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DES LARMES QUI VALENT DE L'OR
«- le mort, c’est bien votre père ?
- non, c’est ma mère. »
De vendeuse de cd et dvd au marché noir de Pékin à pleureuse professionnelle dans la province de Guizhou, il n’y a qu’un pas. Ce pas, Madame Wang va le franchir avec beaucoup d’aisance, semble-t-il, afin de rembourser les dettes de jeu de son mari.
Madame Wang n’appartient pas à ces héroïnes que l’on admire, pour lesquelles on a une certaine sympathie. Le réalisateur ne porte d’ailleurs pas sur elle un regard amoureux et très tendre, et la caméra la filme de façon brute, parfois brutale. Son déhanché désinvolte et sa démarche bien à elle sont à l’image de sa vie qu’elle entend bien mener comme elle le souhaite à l'instar de ces chinoises plus consuméristes que communistes. L’argent est son principal moteur et pour arriver à ses fins, elle rejette tout ce qui se rattache à la tradition.
Refusant aussi bien la maternité que la fidélité et faisant de la tristesse des autres un véritable business, son personnage n’en devient pas pour autant détestable. L’éthique et la morale ne sont pas ses lignes de conduite mais la liberté émanant de ce personnage lui confère force et rend parfois jaloux, que ce soit les autres protagonistes du récit ou le spectateur lui-même. Les sentiments que cette femme, prête à tout, nous inspirent sont ambigus et opposés. Compassion et compréhension prennent de temps en temps le dessus, même si la raison qui la pousse à faire tout cela, à agir de la sorte –sortir de prison un mari qu’elle n’aime pas-, elle, reste tout à fait incompréhensible.
Toute la vie de Madame Wang tourne alors autour du commerce, de la marchandisation aussi bien d’objets que d’émotions. Le centre du film est là. Madame Wang vend, que ce soit des dvd pornos ou ses propres larmes. Pour elle, tout n’est alors que gain d’argent et ressemble à une entreprise. Elle affiche désormais ses tarifs pour pleurer lors des cérémonies funéraires de la même manière qu’elle annonçait le prix pour vendre ses cd et dvd dans les rues de Pékin. C’est juste le domaine d’activité qui a changé.
Son association avec son ancien amant, aujourd’hui directeur d’un magasin de pompes funèbres, reflète bien cette situation. Le cynisme avec lequel ils plongent tous deux dans cette affaire de pleureuse est une des plus belles idées du film. « On fait du commerce, pas de la philanthropie ». Les deux collaborateurs de cette funèbre entreprise se mettent à compter ; compter l’argent qu’ils pourront empocher en fonction des statistiques, du nombre de morts par an. Et si une épidémie s’ajoutait à cela ? Ou un grave accident ? Ou encore une catastrophe naturelle ? Malheureusement, le réalisateur, Liu Bingjian, ne fait qu’aborder ce thème, l’effleure mais ne l’approfondit pas.
Les larmes de Madame Wang surprend par une certaine originalité du propos. Mais son traitement reste trop classique et ne propose qu’un balbutiement d’une réflexion qui promettait beaucoup plus. Morgane
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