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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Horton (Dr Seuss' Horton Hears a Who!)
USA / 2008
02.04.2008
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ON A TOUJOURS BESOIN D'UN PLUS GRAND QUE SOI
«- Cousin, tu es un guerrier poète »
Horton, adaptation du roman du Dr Seuss Horton Hears a Who !, évolue dans un univers à la fois fantastique par sa forme et très humain par son fond. Il faut se laisser complètement emporter dans ce monde fou, fou, fou par le gros pachyderme à l’imagination plus que fertile qu’est Horton.
Ce denier, imposant comme se doit d’être un éléphant, apparaît pourtant « plus léger qu’une plume » comme le montrent les cabrioles, numéros de danse et autres tours de passe-passe qu’il effectue. Son corps semble aussi élastique que celui de son interprète, Jim Carrey. Mais côté grimaces et changements d’apparence, celui-ci semble avoir trouvé son maître en Horton qui, nu comme un ver, se transforme à sa guise. Quoi de plus normal dans un monde où l’imagination et la fantaisie ont toute leur place ?
La jungle de Nool parait cependant bien banale, malgré ses couleurs sortant de l’ordinaire et ses animaux bizarroïdes en tout genre, par rapport au monde de Zouville et des Zous qui le peuplent. Ceux-ci, fort nombreux, vivent sur une poussière, se déplacent en chaussettomobiles, ont un maire qui n’a pas moins de 97 enfants et n’ont qu’un but au quotidien, s’amuser et ne se soucier de rien.
La grande et belle idée du dernier né de la Twentieth Century Fox Animation se trouve dans la non rencontre des deux personnages principaux, Horton et le maire de Zouville. Ils vivent tous deux, non pas dans des mondes parallèles, mais dans des univers mathématiquement aux antipodes l’un de l’autre. Pour qui se trouve de taille normale, l’autre relève de l’infiniment minuscule ou du gigantesquement grand. Malgré cette énorme différence d’échelle, une réelle amitié se crée entre ces deux héros au grand cœur qui n’ont d’autre issue que de se faire confiance aveuglément pour survivre.
Fondé sur une grande humanité, le respect de l’autre et une belle amitié, Horton, avec beaucoup d’humour, aborde également le thème de la peur de l’autre, de ce qu’on ne connaît pas. Dans la jungle, tous ne réagissent pas comme Horton à l’idée qu’il puisse y avoir de la vie sur cette poussière. Pour Madame Kangourou, chef de la jungle (eh oui, le roi de la jungle n’est pas toujours celui qu’on croit) qui ne voit pas plus loin que le bout de sa poche, « une chose qu’on ne peut ni voir, ni toucher, ni sentir n’existe pas ». Horton se révèle alors être un hymne à la différence, à l’acceptation de l’autre, tel qu’il est, qu’on le voit ou pas.
Outre son propos, le film est une véritable prouesse graphique rendant ainsi les décors plus vrais que nature et les personnages des plus attachants. Leurs mimiques, même si ce sont des animaux, ressemblent étrangement aux nôtres et les textures, que ce soit les plantes de la jungle ou la fourrure des Zous, ont un tel rendu qu’on a la sensation de pouvoir les toucher et les sentir sous nos doigts.
Après L’Age de Glace et l’univers totalement à part de Robots, les créateurs Jimmy Hayward et Steve Martino relèvent un nouveau défi et se surpassent. Certains petits clichés qui font grincer des dents persistent, comme le méchant vautour Vlad qui a, of course, un accent russe. Cependant, petit bijou de l’animation de synthèse, Horton mélange habilement prouesses techniques, beauté graphique et récit touchant saupoudrant le tout d’une bonne dose d’humour et d’une pincée d’humanité. Une belle réussite. Morgane
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