Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Disco


France / 2008

02.04.2008
 



THE KING OF THE LOOSE





«- Toi je vais te mettre un suppo, ça va te faire passer ta fièvre du samedi soir... »

Que dire du dernier film de Fabien Onteniente déjà responsable des médiocres et beaufisants Jet Set 1 & 2, 3 zéros et Camping. Pas grand-chose, si ce n'est que le cinéaste semble avoir trouvé en la personne de Franck Dubosc un compagnon de route idéal pour nous offrir un énième portrait du beauf triste en pleine crise de la quarantaine ; grattage de couille gauche compris dans le tarif. Victime malgré lui, préférant l’aide de Julien Courbet à celle de l’ANPE. En reformant le duo avec l'humoriste des maillots de corps et autres espadrilles – ici le jogging et le slips sont blancs et pas plus sexy - , le cinéaste confirme s'il en était besoin, l'ancrage de ses comédies dans un style plus populiste que vraiment populaire. Si vous êtes adeptes de comédies gentiment franchouillardes qui soignent néanmoins leur écriture et leur interprétation, passez votre chemin ! Car ce Disco vendu à grands renforts d'une campagne marketing elle-même terriblement racoleuse s'apparente, hélas, au dernier prototype de la comédie outrancièrement caricaturale et ouvertement ringarde. Bref, elle ne parvient jamais à nous faire rire, provoquant plutôt ce sourire de malaise devant le ridicule des situations. Plus de gène que de plaisir.

Servi par un scénario estampillé Franck Dubosc qui enfile les stéréotypes comme on enfile les perles (la liste est bien trop longue pour faire la moindre énumération), la mise en scène patine dès les premières bobines en installant le décor misérabiliste de cette joyeuse bouffonnerie indigeste. On survole le Havre comme Besson le ferait de Marseille. Mais ici, du bar « PMU » des faubourgs au podium des plages à moitié désertes, nous sommes happés très loin du glamour pour subir la laideur des Darty et Buffalo Grill pour ne citer que les têtes de gondoles. L'histoire plate, peu drôle et d'une certaine vulgarité atteint un summum de mauvais goût lors de la scène (déjà culte, sniff !) du restaurant. En se focalisant uniquement autour du personnage, pourtant peu intéressant, de Didier Travolta (ersatz improbable de l'idole des seventies) la narration reste littéralement « collée » aux basques de cet adulte – enfant de quarante ans qui a fait la gloire de l’exhibitionniste narcissique Franck Dubosc sur scène. Mais à force d'utiliser à l'excès ce personnage de sketches, l'acteur le vide intégralement de sa substance comique pour le rendre insipide et pathétique. La part d'humanisation indispensable pour ce genre de rôle (cf Le vélo de Ghislain Lambert ou Podium) n'existe tout simplement pas, ce qui est dommage, voir même décevant. Il n’est même pas sauvé par l’interprétation du comédien, qui ne parvient pas à nuancer plus de trois tonalités. C’est particulièrement révélateur face aux autres acteurs...

Le reste est à l'avenant. Les personnages secondaires (nous n'osons pas mentionner les quelques caméos du film) atteignent les sommets de la caricature mal dégrossie : attendez de voir surgir notre « Gérard national » affublé d'une perruque à la Jackson Five et vous comprendrez notre indignation ; aucun n'apporte une plus value à l'histoire. Pire, aucun n’est tout à fait aimable à force de les laisser se complaire dans leur crasse. Seuls Emmanuelle Béart et Samuel Le Bihan sortent du lot, soit dans un rôle à contre-emploi pour une Béart toujours aussi belle et touchante quoi qu'elle fasse, soit par une présence « physique » d'un Le Bihan très à l'aise dans les scènes chorégraphiées. Dans les deux cas il s’agit d’un exploit tant les dialogues tournent à vide. Aucune réplique culte, rien d’inventif. On est un peu comme Béart face à cet olibrius sorti des années 70/80, stupéfaite, béate, abasourdie, ne sachant pas quoi dire, ne pouvant pas en rire. Ce n’est pas politiquement correct de se moquer des handicapés.

Moteur du film, l'esprit disco peine à trouver son envol et n'est, pour ainsi dire, jamais habité par le retour de ces « Bee Kings ». La musicalité, essence fondamentale d'une comédie dansante, n'accompagne qu'en filigrane le destin morose de cette bande de potes qui ne croie pas vraiment au retour du genre musical. Pirouette scénaristique visant à faire rebondir Didier Travolta vers les cimes du succès local, le soufflé se dégonfle tant les parties de disco sont convenues et mal filmées. Jamais on n’a envie de taper du pied, frapper des mains, se lancer sur la piste. C’est aussi plat qu’une sonnerie de téléphone reprenant un tube des années 80. Onteniente confond découpage rapide et mise en scène, angles de vue et point de vue. Même ses « héros » ne sont pas sublimés. L’homme, ce has been, est définitivement infantilisé, castré, faussement macho, toujours dominé par la mère, l’épouse ou l’éventuelle amante. Il est viril, baiseur, mais soumis aux désirs et volontés des femmes. Incapable d’’avoir une relation d’égal à égal. Autant dire que Disco est plus un film rétrograde et régressif que contemporain. « Disconnecté » du réel. Peinture sociale kitch surfant maladroitement dans la représentation du prolo au bon cœur, du frère bourgeois pédant, de la danseuse classique qui s'amourache et du combat syndical des dockers du port du Havre (au passage on massacre la solidarité d’un groupe au profit d’un individu), Disco « statufie » dans l'œuf toute digression salvatrice. L'ensemble est d'une lourdeur telle que nous hésitons à en rire ou à en pleurer. Comme le dit si justement le personnage de Béart : « - On est dans le n’importe quoi Didier. Mon père est encore sous le choc. » Nous aussi. Soyez sympa, remboursez.
 
geoffroy & vincy

 
 
 
 

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