Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 12

 
Désengagement (Disengagement)


Israël / 2008

09.04.2008
 



QUITTE ET DOUBLE





“- C’est le nouveau complexe palestinien de collecter le plus de nationalités possibles.
- Je croyais que c’était une tradition juive. ”


Amos Gitaï a filmé le désengagement de Gaza à hauteur d’hommes et non de géopolitique. S’il fait sentir qu’il était partisan du retrait des colons, il n’en respecte pas moins leur douleur d’avoir dû quitter les terres sur lesquelles ils avaient bâti leur vie. Très loin du documentaire, Désengagement est une œuvre intimiste qui mêle le symbolique au réalisme. Le réalisateur explore une nouvelle fois ses thèmes de prédilection : l’identité et l’exil. Le dualisme y règne en maître. Le film se partage entre une Europe engluée dans son immobilisme et un Israël marqué par l’agitation de la construction et de la déconstruction. Décors intérieurs pour l’une, extérieurs pour l’autre. Mais partout, les mêmes frontières, barrages et barrières à franchir. Cette dualité d’espace répond à celle des personnages, en témoigne la troublante ambiguïté de la relation entre Ana et son frère, Uli. Car il s’agit ici autant de désengagements que des engagements pris ou subis par les personnages. Désengagements de la mère qui abandonne son enfant, de l’épouse qui décide de quitter son mari, de la sœur qui désire être regardée comme une femme à part entière par son frère adoptif, des enfants libérés par la mort de leur père. Engagements en parallèle : familial pour cette même mère qui décide de retrouver sa fille, professionnel pour ce policier israélien qui doit faire évacuer Gaza, artistique pour Amos Gitaï. Si l’émotion y est inégale, si le film paraît parfois trop aseptisé pour toucher, il réserve des moments de grâce fulgurante : Barbara Hendricks chantant pour le mort ; Binoche, démunie, implorant son frère sans qu’on puisse très bien définir si elle lui dit “leave me” ou “love me” ; les retrouvailles silencieuses et pourtant si criante d’une mère avec son enfant ; la furtive rencontre amoureuse d’un Israélien et d’une Palestinienne dans un train ; la détresse de ces hommes et de ces femmes contraints d’assister, impuissants, à la démolition de leur foyer, sont autant de moments poignants de vérité humaine. L’interprétation saisissante de Binoche y contribue beaucoup, apparaissant frivole, séductrice, enfantine, parfois antipathique dans la première partie pour mieux se découvrir fragile et bouleversante dans la seconde. Amos Gitaï est un citoyen du monde et un cinéaste engagé qui donne envie de traverser toutes les frontières avec lui.
 
Karine

 
 
 
 

haut