Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 57

 
Sans arme, ni haine, ni violence


France / 2008

16.04.2008
 



J’AI TOUJOURS RÊVE D’ÊTRE UN GANGSTER





«- Vous cherchez quelqu’un ?
- Alain Delon ?!
- Je suis Mireille Darc.
»

Audacieux pari pour l’acteur Jean-Paul Rouve : écrire, interpréter et réaliser un film autour d’un gentleman cambrioleur. Il y a une forme d’évidence pourtant : le personnage principal et l’histoire vraie qui ont inspiré ce film n’ont rien du film habituel de voyou faisant son casse. Le ton décalé, la dérision et la distance qui s’en échappent, font de ce Arsène Lupin sur le déclin un matériau de rêve pour un comédien adepte du déguisement, préférant la sensibilité et la moquerie à la violence et l’escroquerie.
Dès le générique, il y a un aspect « Amicalement vôtre », musique désuète incluse, qui imprègne cette chronique pop où Alain Delon est un mythe intouchable et Daniel Guichard un chanteur culte. Même Spaggiari a des airs de Dutronc, gros cigare au bec, frimeur nonchalant et aspirant nouvelle star. D’ailleurs la chanson et le cinéma sont omniprésents jusque dans la justification du braquage : « un tube de casse, un truc classe. » Avec slogan (le titre du film : sans arme, ni haine, ni violence). « Pas facile de s’autoproduire quand on débute. Il faut des associés. » Avec guest-star (Gérard Depardieu, filmé comme un puzzle, jamais vu dans son ensemble). Car Rouve a essayé d’imposer un style à cette narration assez classique (une interview avec flash-backs). Elégante, l’image, à l’exception d’un plan où l’on reconnaît clairement Lisbonne, parvient à nous faire croire à une dictature latino-américaine et au Nice des années 70. Quand Taglioni nage tranquillement dans la piscine du palace à deux mètres de Lellouche et Rouve papotant, il y a quelque chose qui nous renvoie à Calfan dans Le Casse, tandis que Sharif deal avec Belmondo. Rouve « réal » avait quelques idées en tête : les gros plans, le split screen, et surtout les transitions malignes entre le présent et le passé, entre l’interview et le récit du casse. Ces images qui se fondent et confondent le temps facilitent la fluidité du propos sans heurter le spectateur par de brusques allers et retours dans le temps. Mais, dans le même temps, cette chronique superficielle et légère, douce et amère, souffre d’un manque de tension qui ne met jamais en danger le personnage principal, tandis qu’on essaie de le piéger. En s’attardant sur les détails de son grand bluff, Rouve masque son inexpérience par un astucieux découpage et un montage malin comme un singe. Comme Spaggiari, il s’amuse à jouer une partie de poker sans avoir toutes les cartes en main. Parfois il remporte la mise, mais sur l’ensemble du jeu, il convainc moins. « Oh attention, y a des mythos qui réussissent. Regardes Jésus. » Jeu de dupes, où l’orgueil le dispute à la vérité, ce guignolo de Rouve n’arnaque pas le spectateur mais réalise une farce où le clown n’est pas si joyeux. Cependant, il s’offre ici son plus beau rôle. Cette histoire d’un homme qui veut être un autre, qui aime se déguiser, qui chercher à être connu et même reconnu, n’est rien d’autre que la parabole de son métier, comédien, qui se régale de ses subterfuges. Généreux, Lellouche et Taglioni ne sont pas en reste avec deux personnages qui ont le temps de développer leurs nuances. La grande blonde est davantage Deneuve que Darc, touchante, cassante, séduisante.
L’épisode est plaisant, les acteurs à leur place. Mais le perfectionnisme visuel a du mal à compenser les maladresses d’une mise en scène qui empêche le très bon scénario de prendre son envol. On peut penser que la construction même du script ne permet pas d’approfondir les relations humaines et ne facilite pas l’intensification de leurs problèmes. On reste dans ce fait divers, cette esprit de variété où tout ce qui est grave est pardonné ou occulté. Rouve penserait-il que son métier n’est que du vent ? Aurait-il ce regard lucide sur le show-biz, immense fumisterie qui utilise des armes factices, où les haines sont dérisoires et la violence complètement feinte ? En tout cas, ici, l’amour et le pardon triomphent. Et le parcours de cette « vedette » est aux antipodes des films du genre contemporains : ni noirs, ni sanglants. On apprécie cette chronique sur le vedettariat et la volonté fervente et farouche de vouloir exister dans ce monde médiatique. C’est une sorte de Ocean’s 11 mais en solo et plein d’égo. Pas mal pour un essai.
 
v.

 
 
 
 

haut