|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Chapitre 27 (Chapter 27)
USA / 2008
23.04.2008
|
|
|
|
|
|
DANS LA TETE DU TUEUR
«- Je suis le seul gars normal dans ce foutu dortoir. »
Derrière le titre énigmatique, Chapitre 27, se cache une hsitoire vraie, aussi simple (un désaxé commet un acte fou) qu'énigmatique. Grâce à une mise en scène simple mais efficaceune interprétation juste et sans excès de Jared Leto, méconnaissable avec ses 30 kilos de plus, le filmréussit à nous faire partager le quotidien d’un tueur. Cependant, il ne s’agit pas ici d’exposer clairement ses motivations, mais uniquement d’esquisser quelques pistes interprétatives. Ainsi, à l'instar du doute autour de la signification du titre du film, on ne ressort pas de la séance avec la certitude d’avoir compris le mobile du crime.
Bien sûr, la folie paraît l’explication la plus plausible. Chapman, hanté par une voix intérieure qui l’aurait poussé à l’acte, est sans doute un schizophrène comme un autre. Le spectateur partage ses pensées grâce à une voix OFF que certains pourraient toutefois juger trop présente, notamment dans la scène du passage à l’acte. La fin nous rappelle également les dernières images de Psychose quand Norman Bates, ou plutôt son double, nous parle. Cela donne une impression de facilité narrative.
Jarett Schaefer, le réalisateur-scénariste, a préféré suivre son personnage dans son intimité. On le voit errer à New York pendant trois jours, attendre devant l’immeuble de Lennon, discuter avec d’autres fans. La scène du motel, dans laquelle Chapman dépose sur une table les quelques objets qui résument sa vie (un livre, des photos, etc.) est troublante. On pourrait même à ce moment-là ressentir une certaine empathie pour ce pauvre type, à l’existence minable et pathétique. Enfin, autre élément troublant de ce portrait, la passion que Chapman vouait au livre culte de J.D Salinger,L’Attrape-Cœurs. Chapman et le héros du livre ont de nombreux points communs, notamment la personnalité ambiguë.
Porté par une musique plaisante, Chapitre 27 n'est pas un film policier mais un portrait touchant d'un homme qu'il l'est nettement moins. 28 ans après les faits, l'interrogation et l'émotion demeurent. On reste hanté par l'errance de Leto, métamorphosé, qui transporte ce film comme l'âme habite un corps. Envoûtant, ce film d'ambiance un poil abstrait pourra ennuyer à cause de son personnage central ou parce que, justement, l'on apprend rien. A l'inverse cela peut fasciner de voir le démon frapper à nos portes, sans justification rationnelle.
Raphaël
|
|
|