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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Funny Games U.S.
USA / 2008
23.04.2008
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RE-CRÉATION
“Vous êtes contents maintenant ou vous voulez une autre version ?”
Funny Games U.S. pourrait donner lieu à un jeu amusant : traquer les petites différences entre l’original Funny Games et cette réplique “U.S.”, comme dans un jeu des 7 erreurs. Car à quelques détails près de costume ou de décor, c’est exactement le même film, plan par plan. Seul le casting change. On peut donc légitimement se poser la question de l’utilité de ce film. Certes, pourquoi ne pas s’attaquer soi-même à un remake plutôt que de laisser un trublion déformer son propos ? Michael Haneke n’a pas digéré l’insuccès de la version 98 auprès du public américain, cible qu’il visait pourtant. Il a dû en déduire que cela venait du fait que le film était tourné en allemand et que les sous-titres rebutent outre-Atlantique. Armé de ce casting américain prompt à charrier des entrées, et notamment de la populaire et talentueuse Noami Watts, la version US devrait donc lui permettre d’être vu et entendu.
“Rien ne sert de pleurer les œufs cassés.”
Pour ceux qui ont vu le premier Funny Games, cette version apporte quand même des nuances notables du côté de l’interprétation. Le jeu d’acteurs y est plus démonstratif. Le sadisme nonchalant de Michael Pitt allié à son visage angélique apporte un surplus d’inquiétude à son personnage d’adolescent désœuvré qui occupe son temps en torturant les vacanciers. Pour les autres, il s’agira évidemment d’un choc. Pervers, le film joue sur tous les codes hollywoodiens, laisse entrevoir une porte de sortie dans le seul but de la fermer. Pas de happy end, personne n’en sort indemne. Il interroge et même interpelle le spectateur dans son attirance voyeuse pour la violence. La démarche de Haneke est très explicite. Il s’agit d’une part de dénoncer un cinéma qui stylise cette violence pour la rendre esthétiquement et socialement admissible et, d’autre part, de ne pas permettre au public de se croire passif et donc exempté de sa part de responsabilité. Plus proche de Gus Van Sant que de Michael Moore, il ne délivre aucun message, aucune analyse, se moquant même des explications psycho-sociologiques. Et même si le débat sur la violence au cinéma et ses éventuels impacts sur la société s’est un peu émoussé au fil des ans, le propos garde toute sa force. Haneke met lui-même en scène une barbarie insoutenable, hyper réaliste, d’autant plus glaçante qu’elle se déroule hors champs car sa caméra se refuse à la filmer directement, préférant s’arrêter, par exemple, sur un téléviseur éclaboussé de sang ô combien riche de sens. Karine
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