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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Loin de sunset boulevard (Far from Sunset Boulevard)
Russie / 2006
07.052008
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LA COULEUR ROUGE D’HOLLYWOOD
«- Ce n’est pas un bon sujet, pas assez soviétique, trop pessimiste.»
Loin de Sunset Boulevard s’ouvre sur une magnifique séquence de cinéma muet dans laquelle un pianiste est accompagné d’un tout petit bonhomme qui danse et saute sur les touches du piano. Dès le début, la musique de Vadim Sher s’impose alors comme un véritable personnage du film guidant et accompagnant les autres personnages tout au long du récit. Ce dernier réussit admirablement le tour de force de replonger aussi bien le film que le spectateur en plein cœur de l’Union Soviétique des années folles, sans copier la musique de l’époque mais en la transcendant, lui donnant ainsi un caractère à la fois désuet et étrangement moderne.
Au début des années Trente, après un séjour aux Etats-Unis, Konstantin Dalmatov pose à nouveau le pied sur le sol soviétique accompagné du très célèbre réalisateur Alexandre Mansourov. Mais, dans un pays où l’homosexualité est considéré comme un crime et passible d’emprisonnement, leur relation est rapidement découverte. Dalmatov se voit alors dans l’obligation de collaborer avec le régime afin de se sauver et de pouvoir continuer son rêve : réaliser des films.
Sa signature en bas d’une page changera alors le cours de sa vie. Il peut désormais donner vie à son rêve et aux comédies musicales qu’il a toujours souhaité réaliser. Malheureusement, cette collaboration est à double tranchant et la mort quelque peu étrange de son mentor le confrontera très rapidement à la dure réalité d’un gouvernement qui ne recule devant rien pour imposer ses idées et son idéologie.
Propagande quand tu nous tiens
A la fin de son film, Igor Minaiev fait figurer la phrase suivante : « toute ressemblance avec des personnages réels est purement fortuite ». Cependant, on ne peut s’empêcher de recouper le film avec la réalité. Le trio Alexandre Mansourov, Konstantin Dalmatov et Lidia Polyakova rappelle immanquablement Serguei Eisenstein, Grigori Alexandrov et Lyubov Orlova. Toute ressemblance ne semble alors pas si fortuite et le cinéaste trouve le parfait équilibre entre « les faits biographiques et l’imaginaire ».
La fiction rattrape ainsi la réalité et ce qui semblait pure imagination se mélange au réel, troublante sensation.
Igor Minaiev plonge dès lors dans un pays d’un autre temps, où propagande flirte avec liberté, où création et contraintes deviennent indissociables. Dalmatov est en effet libre de réaliser mais dans un cadre bien délimité. Le réalisateur se penche alors sur cette idée aberrante qui consiste à créer dans un espace de vie qui exclut totalement la liberté de création. Les nombreuses contradictions de ce régime sont pointées du doigt par le cinéaste. Mais ce que ce dernier cherche avant tout à mettre en avant, c’est la manière dont ces réalisateurs de l’époque ont réussi à créer grâce à leurs qualités professionnelles et non par le choix de leurs sujets, eux très limités et contrôlés.
Loin de Sunset Boulevard a un petit air de déjà vu, un goût déjà connu. Même si le pays et l’époque sont différents, le film rappelle à l’esprit le fameux La Vie des Autres. Avec certes un peu moins de force, il fait partie de ces films qui dénoncent et met en évidence l’importance du contrôle des idées, des esprits, donc de la culture par des gouvernements dictatoriaux qui cherchent à imposer un seul modèle. Sur fond léger de comédies musicales, Igor Minaiev aborde avec subtilité le côté sombre de la pensée unique et revient habilement sur les travers du Hollywood Rouge des années Trente. Un pays qui a incontestablement évolué mais dans lequel l’homosexualité reste un tabou. Loin de Sunset Boulevard n’a alors toujours pas de visibilité dans son propre pays...
Morgane
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