Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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JCVD


Belgique / 2008

04.06.2008
 



TRANSFIGURE





Mais qui est vraiment Jean-Claude Van Damme ? Alors que l'incroyable promotion du film se termine entre critiques – plutôt bonnes (snobisme indulgent?) – interviews de la star, dossiers et analyses en tous genres, le long métrage de Mabrouk El Mechi dévoile avec finesse une psychologie torturée qui lutte contre elle-même. Icône absolue du film d'action des eighties, le personnage Van Damme étouffa jusqu'à l'épuisement Van Varenberg au point de créer inconsciemment un phénomène de foire devenu lui même incontrôlable. Prisé par les télés en adoration devant le ridicule, l'absurde, le décalé ou la simple moquerie gratuite, Van Damme dû donner le change afin d'exister autrement que part des films directement exploités en DVD. Le Van Damme « aware » était devenu plus célèbre que ses rôles. Un comble pour un acteur se donnant à 100% et un drame pour une personnalité sincère prête à reconnaître ses nombreux errements. Sortir de cette spirale infernale et montrer aux gens que l'on est loin de l'uluberlu cathodique à ce point raillé est un exercice difficile pour ne pas dire impossible. Pourtant, Jean-Claude Van Damme a trouvé la réponse en tournant ce JCVD surprenant à plus d'un titre.

Référence explicite au film de Lumet, Un après-midi de chien (1976), JCVD est une histoire de braquage en huit clos aux multiples ouvertures scénaristiques et narratives. Van Damme joue son propre rôle et donne le change dans une relation de vérité hallucinante qui désacralise l'icône pour en faire un simple acteur dans la merde essayant vainement de remettre un peu d'ordre dans sa vie. Cette prise d'otage sera l'occasion – outre de réaliser un métrage tendu, parfois drôle, oppressant et techniquement maîtrisé – d'émettre un questionnement existentiel sur l'homme/acteur Van Damme. Par cette approche le réalisateur offre la possibilité d'une rédemption, plongeant son acteur dans une situation extrême qui oscille constamment entre réalisme et fiction. Soit l'exact vérité d'une vie où tout semble se confondre ; soit la subtilité d'un scénario qui met Van Damme en porte-à-faux vis-à-vis de la police, des médias et des gens venus le soutenir ; soit, enfin, la découverte d'une personnalité abattue consciente de la fascination et du ridicule qu'il suscite.

En confrontant Van Varenberg aux déclarations de son double de cinéma, Mabrouk El Mechi donne le change et montre la frustration, les blessures et l'intelligence d'un homme ni meilleur, ni plus mauvais qu'un autre. La prise d'otage – et sa pirouette scénaristique plutôt bien foutue – fige le temps de la réflexion et impose la mise en abîme. JCVD est tout sauf un film à la gloire de Van Damme, plaçant celui-ci en fonction des évènements et des personnages qui gravitent autour de lui. Loin de tout narcissisme, JCVD nous ouvre, au contraire, les portes de sa raison par prise de conscience et besoin de confession. Cette scène (qui fait déjà beaucoup parlé d'elle) face caméra de dix minutes constate d'un courage et d'une sincérité rare au cinéma. Catharsis au-delà du jeu, il en va de la crédibilité d'un homme, d'un acteur. En se livrant dans toute son émotion, Van Damme prouve sa capacité à retranscrire une vérité du « je ». Il n'est plus Van Damme, mais Van Varenberg dit Van Damme. Troublant pour certains, ridicule pour d'autres, la mise à nue n'est pas sans risque.

JCVD est l'impossible pari réussi par Van Damme. Si la reconnaissance n'est pas encore gagnée, cette belle leçon d'humilité est le point de départ d'un nouveau Van Damme qui a compris les erreurs du passé. Tout simplement.
 
geoffroy

 
 
 
 

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