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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La Troisième Partie du monde
France / 2008
18.06.2008
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L’ORIGINE DU MONDE
“- Vous êtes profonde.”
Ce premier essai, s’il ne convainc pas totalement, n’est pas inintéressant. Cela commence par une histoire d’amour à la fois romanesque et ultra réaliste, un coup de foudre entre deux jeunes gens dans un aéroport. Emma (Clémence Poesy), est une blonde à l’apparence ingénue. François (Gaspard Ulliel), un scientifique qui lui explique les phénomènes des trous noirs et de l’entropie, soit du désordre grandissant de l’univers. Sauf que la blonde est fortement antipathique et que les explications scientifiques ont pour but précis de présager les évènements à venir : les amants de l’anti-héroïne se dématérialisent progressivement à son contact.
L’origine du monde, le tableau scandaleux de Courbet que Jacques Lacan et Sylvia Bataille gardaient jalousement chez eux, aurait pu servir d’affiche au film. En effet, de sa genèse scientifico-fantastique, Eric Forestier fait surgir une gigantesque allégorie freudienne sur la femme dévorante et la peur mêlée de fascination qu’inspire aux hommes le sexe féminin – le trou noir. Le mérite du réalisateur est d’avoir réussi à mettre en scène cette séance de divan sans trop de lourdeur alors même qu’il ne cesse de distiller ses métaphores sexuelles et ses symboles psychanalytiques évidents (dont une scène finale à connotation lesbienne pas très utile). En fait, durant tout le film il s’agit pour Emma de découvrir sa nature monstrueuse… de femme. Aussi est-elle à l’opposé de la bimbo fatale et artificielle, ou encore de la veuve noire telle qu’on la représente habituellement. D’ailleurs, pour enfoncer dans le clou, Forestier la confronte à son antithèse, Chiara (Maya Sansa), figure féminine archétypale de la mère de famille, aussi concrète et rassurante que Emma est trouble et comme hors du monde. Eric Forestier fait surgir l’étrange d’un réel ponctué de dialogues brutaux et de bruitages évoquant le domaine paranormal, ainsi que de parenthèses montrant l’univers en mouvement. Et si son film manque de densité, il est à l’image de l’étrange étrangeté freudienne, à la fois familière et inconnue. En tout cas, très personnel.
Karine
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