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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Solitaire (Rogue)
Australie / 2007
13.08.008
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LE ROI DE LA JUNGLE
« Les crocodiles n’attaquent jamais plus gros qu’eux ! »
Mal aimé des studios et descendu régulièrement par les critiques, excepté quant Roland Emmerich s’attaque à Godzilla pour détruire le mythe nippon, le film d’horreur animalier souffre d’une mauvaise réputation. Scénario faible voire inexistant, personnages sans épaisseurs psychologiques, on en passe et des meilleurs pour finalement atterrir dans la bouche du bébé de Greg McLean, dernier film en date mettant en scène une grosse bestiole carnivore et bien agressive. Et soyez rassuré, le réal manie sa barque comme un chef au milieu des marécages australiens, se payant même le luxe d’une ambiance moite et torride et d’une bête au réalisme effrayant.
Alors, chef d’œuvre du genre le petit Solitaire ? On serait tenté de répondre par l’affirmative tant les productions du genre flirtaient avec le ridicule et le fauché. Mais heureusement Greg McLean est arrivé et a extirpé avec maestria les tripailles fumeuses de tous ces pauvres animaux dans son drame horrifique dont la dernière séquence est tout simplement fabuleuse, tête-à-tête homme-animal rappelant l’affrontement sanglant entre Conan et le Dieu serpent dans Conan le barbare, rien de moins.
A quoi tient donc la réussite du deuxième long métrage du réalisateur (son premier, Wolf Creek, brillait par ses partis pris radicaux et sa fin nihiliste) si ce n’est dans cette révérence au genre et dans cette croyance que le cinéma est avant tout une affaire de conjugaison de talents. Propulsé sur le devant de la scène grâce à son survival australien, McLean s’est vu pourvu d’un budget confortable et de l’appui des frères Weinstein pour mettre sur pied son film-hommage aux vieux films de la Hammer et d’Universal, en apportant un soin tout particulier à la photo des bayous australiens (grâce au chef op Will Gibson) et à la crédibilité de son crocodile (félicitations à la société d’effets spéciaux Creature Workshop !). Et quoi de mieux que d’immerger toute son équipe au milieu d’une île reconstituée en plein milieu d’un lac, de plonger ses acteurs principaux dans de l’eau sale et opaque et de combattre un temps capricieux, afin de parfaire une atmosphère de piège naturel, où la seule menace est proprement invisible et d’autant plus terrifiante.
Bien sûr Solitaire n’est pas dénué de poncifs tout comme il est difficile d’être surpris par le déroulement de l’intrigue. Mais le sérieux de l’entreprise, la remarquable capacité de McLean à piéger ses protagonistes et la magnificence de l’animal remporte sans difficulté l’adhésion. Après Wolf Creek, deuxième sans faute de la part de McLean, ce qui au vu des épaves s’échouant sur les écrans en période estivale fait figure d’exception. Puisse l’Australie entre ses déserts et ses marais continuer d’accoucher de talents aussi prometteurs.
Denis
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