Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 21

 
Broken English


USA / 2008

16.07.2008
 



UNE FILLE SOUS INFLUENCE

Le livre Bye Bye Bahia



"Les bons partis, on se les arrache, à ton âge !"

Pour son premier long métrage, Zoe Cassavetes (la fille de John) hésite très clairement entre la comédie romantique formatée (dont le film n’omet aucun des passages obligés) et une réflexion plus profonde, voire introspective, sur le mal-être contemporain et la difficulté de trouver sa place dans la société. D’où ce mélange inégal de scènes rebattues et d’éclairs de fantaisie ou d’émotion (au détour d’une séquence de voyance, on devine même l’ombre du père, absent ô combien présent) qui flirte par moments avec le cliché le plus tartignole. Et pourtant, au-delà des maladresses et des poncifs, la réalisatrice dresse un portrait de femme à la fois complexe et sensible qui éclaire le film de l’intérieur et lui donne soudainement un relief différent. Car au travers de la vie douce-amère de son héroïne, c’est le mal de vivre de toute une génération qu’elle décortique.

La quête de Nora dépasse en effet la simple recherche de l’âme sœur, et c’est tant mieux : on en a marre de ces héroïnes prétendument moderne qui n’en finissent plus d’attendre le prince charmant et ne sont rien sans un homme à leurs côtés. Chez Nora au contraire, la recherche frénétique de l’amour trahit un trouble plus profond, à mi-chemin entre la peur de ne pas être aimée (impliquant celle de ne pas être aimable) et l’angoisse de rater sa vie. Soit deux maux éminemment contemporains, induits à la fois par l’individualisme forcené de l’époque (ne laissant pas de place aux rêveurs et aux tendres), le poids des pressions sociales (qui interdisent tout comportement déviant un tant soit peu de la sacro-sainte norme, incluant célibat ou absence d’enfants) et l’obligation de la performance (être au top dans tous les domaines de son existence).

Torturée par cette recherche de la perfection, Nora ne peut que perdre pieds, condamnée à tomber dans tous les pièges tendus par les conventions et les normes sociales. C’est ainsi qu’elle subit les aventures d’un soir (prête à tout pour se faire aimer) et les rendez-vous arrangés (prête à tout pour en finir) jusqu’à se dégoûter si bien des relations amoureuses qu’elle est au final incapable de reconnaître l’amour sincère lorsqu’elle le croise. Mais sans doute fallait-il en arriver là (se perdre complètement) pour être capable de se retrouver. Plus qu’une comédie sentimentale, Zoe Cassavetes signe ainsi une fable moderne et initiatique qui mise plus sur l’accomplissement personnel que sur la quête mystique de l’absolu.
 
MpM

 
 
 
 

haut