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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Night and Day (Bam gua nat)
/ 2008
23.07.2008
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PEINDRE OU FAIRE L’AMOUR
« - je t’aimerai de toutes mes forces »
Après la réalisation de sept films en onze ans, le cinéaste Hong Sangsoo, figure emblématique du renouveau du cinéma coréen, plonge en terre inconnue et déambule dans les rues de Paris aux côtés de son personnage Sung-nam qui, pour avoir fumé un joint, a fui quelque temps son pays, la Corée. L’ambiguïté du film s’installe alors. Celui-ci oscille entre le réalisme dans lequel baigne le récit et l’absurdité qui s’immisce peu à peu en lui.
A travers un regard tout autre, Paris se dévoile, ses quartiers, son âme. Hong Sangsoo suit pas à pas l’errance de Sung-nam, homme (peintre) perdu dans une ville qui n’est pas la sienne, dans une vie où tout lui paraît étranger. Une certaine mélancolie et une sensation de solitude se placent dès lors au premier plan, renforcées par les nombreux échanges téléphoniques entre sa femme, restée en Corée, et lui-même. Le dépaysement est certes bien présent mais déjà, dans ce monde où tout semble autre, la familiarité trouve sa place. Le spectateur réalise très vite que le récit se déroule à Paris mais que seuls des personnages coréens sont mis en scène. Sung-nam retrouve rapidement un semblant de connu dans ce paysage qu’il ne connaît pas et peut ainsi se reconstruire.
Il avance alors à petits pas, découvre des rues, se perd, revient en arrière, repart à la découverte de la ville, son errance étant à l’image de sa propre vie. Il désire repartir à zéro, ne pas reproduire les mêmes erreurs qu’auparavant, essaie, mais chute puis replonge.
Durant ces trois mois d’été, Sung-nam devient un coréen exilé. Comme par enchantement, Hong Sangsoo semble en profiter pour décortiquer, de manière totalement onirique, les rapports amoureux et le jeu de séduction qui s’installe entre les différents protagonistes. Tous ceux-ci apparaissent comme une alchimie échappant à tout contrôle. Ce qui intéresse particulièrement le réalisateur réside alors dans l’esthétisme de ces rapports. Ce n’est pas par hasard que Sung-nam observe un long moment le tableau l’origine du monde de Gustave Courbet. Tous les plans sont strictement définis, ainsi que les couleurs et les textures semble-t-il. Hong Sangsoo est ici cinéaste-peintre, tout comme son personnage est alors un peintre-ambulant.
Le labyrinthe engloutit petit à petit le personnage de Sung-nam. La fin apparaîtra brutale à certains. Pour d’autres, elle symbolisera peut-être le réveil d’un long rêve. Chacun lui donnera finalement sa signification propre.
Toujours est-il que Night and Day baisse le rideau sans dicter aucune morale, laissant simplement dans l’air une sorte de flottement, une sensation étrange difficilement palpable et explicable.
Morgane
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