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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La cité des Hommes (Cidade dos Homens)
Brésil / 2007
23.07.2008
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PASSAGE A L' AGE ADULTE
«- Tu veux qu'il se retrouve comme nous, sans père?»
La Cité des hommes de Paulo Morelli se situe au carrefour d'ambitions complémentaires permettant d'achever avec une certaine réussite la réflexion abordée depuis 2002 par Fernando Meirelles dans son opus magistral, La Cité de Dieu. Contrepoint assumé au film de Meirelles, cette
« dernière » cité poursuit les aventures de deux amis d'enfance dans une favela de Rio (Acelora et Laranjinha) développées quelques années plus tôt dans une série éponyme ayant rencontré un incroyable succès. Il en ressort un film conclusif au ton hybride mais convaincant entre le long métrage et le téléfilm.
Paulo Morelli a la bonne idée de ne pas copier le ton inimitable de Meirelles pour adopter une structure narrative plus rentrée, plus intime, un peu comme si nous étions en terrain désormais connu. La force de frappe de La Cité de Dieu est volontairement absente et permet au cinéaste de
développer nombres de thématiques sans doute déjà présentes dans la série.
L'histoire en devient quelque peu monotone, surtout dans une première partie assez fastidieuse dont l'introduction contemplative laisse perplexe. Pourtant Morelli cherche à offrir une accessibilité véritable au destin commun de nos deux amis fêtant à quelques semaines d'intervalle leur dix-huitième anniversaires. Les questions soulevées deviennent ainsi
universelles et donc identifiables par tous, mêmes si elles restent embrigadées dans une spécificité de terrain rendant tout rapport social un peu décalé. L'ensemble est retranscrit avec professionnalisme, crédibilité et dynamisme. Il manque peut être une once d'immersion et d'engagement de mise en scène, sans doute rattrapée par l'historicité d'épisodes ayant
façonné chaque protagoniste et surtout nos deux compères. Il faudra alors un peu de temps pour ceux qui ne connaissent pas la série pour entrer dans cet univers paradoxalement moins ouvert que La Cité de Dieu.
D'épileptique, la mise en scène devient calme et d'une certaine manière posée. Son traitement permet à la sociologie de bouger, l'axe dévie sans sourciller vers un intime dont les enjeux se révéleront dans une deuxième partie remarquable de tension où chacun se déterminera à partir des évènements présents ou passés. Le film s'humanise d'un seul coup en
structurant la conclusion annoncée des deux jeunes hommes essayant de survivre dans cette jungle urbaine délaissée (rencontre avec le père, responsabilisation d'avoir un enfant). Le décorum est connu, la mise en boîte aussi. Ce qui change se situe dans un nœud relationnel fort, le quotidien d'une vie au cœur de la favela prenant le dessus. Conséquence évidente : l'aspect adulte surgit et le titre nous frappe alors en pleine
figure telle une évidence. Le temps du choix, des décisions et des responsabilités est enfin arrivé. Les deux thèmes abordés frontalement (la paternité pour Acelora et la filiation pour Laranjihna) font corps avec la sociologie de la favela. La famille est structurante malgré tout, l'amitié véritable et le besoin de repère pour ces enfants rois ni plus ni moins vecteurs insoupçonné de sens.
La confrontation des deux amis en pleine guerre des gangs sera le point d'orgue de ces années d'errements, d'interrogations, de doutes, d'envies et de frustration. Le départ de la favela un choix à la fois évident et inéluctable.
geoffroy
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