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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La Momie : La tombe de l'Empereur Dragon (The Mummy : Tomb of the Dragon Emperor)
USA / 2008
06.08.2008
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L’AMOUR DU RISQUE
«- Vous êtes des aimants à Momies.»
« Et c’est reparti ! »
Les momies égyptiennes ayant fait leur temps, il fallait bien régénérer la « franchise » de Brendan Fraser. Pourquoi pas la Chine ? Cette conquête de l’Empire du milieu est financièrement opportuniste mais ce n’est rien comparé au pillage historico-culturel. Rien n’est vrai, du « Monastère de Turfan » (en fait une grande cité disparue) à la Grande Muraille. Du grand n’importe quoi : surtout ne croyez pas à cette histoire aussi légendaire que farfelue. L’armée de terre enterrée s’en retournerait dans sa tombe si ce n’était pas déjà fait…
Pour rebooster une franchise, il faut parfois mettre les bouchées double dans le casting. Rachel Weisz, atout cœur et majeur des deux premiers opus, a préféré ne pas rempiler. Nous avons beau apprécié Maria Bello, en ressemblant à ce point à Frances McDormand, elle n’a ni le charme ni la fraîcheur de Weisz. Trop virile, elle castagne comme un homme et, face à Fraser, ne parvient pas à produire une alchimie romantique quelconque.
Autre ajout, Jet Li. Toujours présent pour jouer les méchants dans les suites des grosses séries. Il s’est un peu empâté, mais ce n’est pas très grave. Son nom en haut de l’affiche est de l’usurpation : Jet Li, hors effets spéciaux, ne doit avoir que dix minutes de présence à l’écran. Sinon il mue en dragon, grosse bête et autres guerrier inflammable. Pour compléter le quatuor Fraser/Bello/Li, il reste Michelle Yeoh, sublime, impeccable, la sagesse incarnée et la grande classe quand elle balance un coup de savate. Ceci dit on apprécie l’imagination des producteurs de voir pour la troisième fois réunis Yeoh et Li…
Ce qui nous fait écrire que La Momie 3, le moins bon de la saga, tient sur les épaules de Brendan Fraser, comédien toujours sous-évalué, sans doute à cause de son physique de Red Neck alimenté en corn flakes et de steak texan. Il a pourtant ce don d’être juste dans la dérision, et de prendre la bonne distance par rapport à ce spectacle grand Guignol. Il sait être un mari impuissant, un père maladroit, un aventurier pas sympa, un héros mal en point… Il n’est pourtant pas aidé, car le casting, y compris son fade de fils, ne lui renvoie pas grand-chose d’étincelant. Il n’y a que le numéro solo du beauf pédé pour faire rire. Il faut voir John Hannah, le cul en feu à cause d’un pétard pas mouillé, réclamant qu’on lui colle une fessée ! Mais il a surtout le droit au moment culte du film, lorsqu’il a pour partenaire un Yak qui a le mal de l’air…
Il faut donc compter sur les malédictions, les décapitations, les écartèlements, les ensorcellements, les morts vivants et les contradictions pour créer une histoire. Comme Indiana Jones, notre archéologue-aventurier a passé la seconde guerre mondiale, apparemment avec les honneurs. Contrairement à Indy, il n’y a pas eu 18 ans de « vide » mais seulement 7 ; aussi nous retrouvons-nous en 1946. Et là aussi l’ennui est mortel, l’appel du flingue manque, le bonheur éternel anesthésie. Les deux Momies sont devenues des livres romanesques.
Tout le premier tiers du film s’avère poussif, comme s’il fallait botter le cul au couple pour qu’il reprenne du service. Ils ne sont pas aidés. Le fils semble aussi con que mauvais baiseur, bêtement mâle et frimeur. Le scénario empreinte beaucoup au Temple Maudit (second opus des Indy), entre la Chine et l’Himalaya, et flirte avec La dernière croisade (le sujet sur l’éternité, la relation père fils, très mal construite). On a juste remplacé les salauds de Nazis par les Vilains Maoistes.
La dernière partie est plus enlevée, même si la mise en scène n'arrange rien et ne s'avère qu'un habile découpage. Peu inspirée, on reste dans du spectaculaire, qui, au fur et à mesure que le final s'annonce, se vide d'une histoire pourtant déjà faible. Le divertissement est honnête mais il y a ce sentiment d'êavoir vu un film qui est passé à côté de son sujet.
La réalisation a trop de mal à se mettre dans le rythme. La longue séquence d’action de Shanghaï est a ainsi alourdie par un montage incohérent, tantôt frénétique, tantôt immobile. Parfois la caméra s’oublie, se pause et nous laisse en suspens en pleine action. Parfois le scénario s’embourbe dans des mauvaises blagues : le père et le fils discutant de flingues, à comparer les vertus de l’endurance de l’un ou de la taille de l’autre, de la puissance ou de l’expérience. Très subtil comme métaphore. Là encore Fraser sauve le ridicule.
Après quelques années de rouille, sans entraînement les voilà tous au top de leur forme. Les scénaristes, dans les scènes de combats, ont plus d’inspiration que lors des dialogues psychologiques (un bien grand mot).
Entre l’aspiration à une Chine impérialiste, ordonnée, et la morale de l’histoire qui vante les mérites du chaos, on note cependant un trait commun : la nécessité de la solidarité, la logique du groupe. La Momie est tout sauf individualiste. Cependant la famille est un peu fatiguée et même si on a tous « trop à faire pour une seule vie », rien n’oblige les O’Connell à rempiler pour un quatrième épisode en Amérique du Sud. De toute façon Indiana Jones a déjà tout raflé là bas…
vincy
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