Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Babylon A.D.


France / 2008

20.08.2008
 



BABIES ALONE IN BABYLONE

Le livre Bye Bye Bahia



« - On n’a jamais assez de puissance de feu, ma sœur.»

En jouant sur l’apocalypse, l’ésotérisme, et toujours ce sempiternel élu attendu, Mathieu Kassovitz a transformé un thriller géopolitique d’anticipation en une science-fiction aventurière. Ainsi il n’y a plus grand chose de fidèle, entre le roman de Dantec et le film de Kasso (le personnage de Michelle Yeoh est l’ajout le plus notoire).

On imagine cependant de la part du réalisateur de La Haine, Assassins et Gothika tout ce qui a pu lui plaire, des éléments surnaturels à la série B, de la violence au déterminisme, de l’animalité et de la survie à l’humanité et la vie. Ce monde en désintégration qu’il nous dépeint, ces carcasses du capitalisme, ces cités délabrées ne sont finalement qu’une continuité de Orwell, Kubrick et récemment Les fils de l’Homme. Un univers où les émeutes et les divers trafics, les sectes et les gangs se partagent la déchéance des civilisations actuelles. A ce titre, et hormis un ou deux effets spéciaux un peu bâclés, la direction artistique est digne des critères hollywoodiens. Même l’excellent choix musical colle bien aux images. Kassovitz maîtrise parfaitement les outils techniques actuels… La direction artistique, notamment, impressionne avec ces paysages urbains post-industriels, ces camps de réfugiés si actuels. On est entre la fantaisie colorée de Besson (Le cinquième élément) et l’univers trop plastique de Bilal. La même envie de castagne, le même désir de fantastique.

Il n’a pas eu Bruce Willis, mais Vin Diesel qui nous la joue Stallone. Ni révélation (il vaut largement mieux que les films caricaturaux dans lesquels il s’est enfermé) ni ridicule, il ressemble à un Atlas un peu usé portant la misère du monde sur ses (grosses) épaules. Un tueur au sang froid, au regard un peu hagard, un héros honnête. La féminité grâcieuse de Yeoh et la sensibilité d’une Mélanie Thierry contrastent fortement, et heureusement, avec ce colosse. Cependant, Depardieu en pourri russe et Rampling en salope mystique, et bien botoxée, ne parviennent pas à créer un antagonisme suffisamment fort pour que la partie obscure du scénario, les méchants, soient convaincants.

Il faut dire que le scénario es trop simpliste pour nous surprendre. Le film épouse une construction assez classique, avec une surenchère dans l’action et les combats – avec quelques scènes flirtant du côté de James Bond ou des blockbusters américains (Spider-Man, Matrix, Terminator). On regrette presque que Kasso ne se soit pas laissé aller à plus de distance, de dérision, comme cette scène où Diesel cuit avec précision son lapin, se fait sa pause déjeuner bourgeoise, avant d’être obligé de gâcher son repas à cause de brutes épaisses qui ne respectent rien. Ces quelques scènes au début du film définissent rapidement ce personnage de mauvaise humeur au grand cœur. Il manque en fait une touche personnelle ou une démesure furieuse, quelque chose qui le distingue des thrillers d’anticipation du moment.

Du coup, on reprochera toujours l’infidélité au roman (dense), puisqu’il n’a gardé que la trame principale et « trashé » les histoires secondaires et parallèles. Ses dialogues appauvrissent l’ensemble, le montage ne laisse pas de place à l’ennui. En voulant décrire ce monde en souffrance, ces métropoles en effervescence, névrosées à l’extrême, le cinéaste a essayé de mélanger ses peurs, notamment à travers ses opinions politiques exprimées lors de ses interviews, et ses obsessions, la famille, la responsabilité parentale. On imagine l’ambition initiale de cette adaptation littéraire. On comprend tout aussi bien les contraintes du genre, le formatage exigé par Hollywood. Evidemment, on accrochera ou pas à cette énième histoire de Vierge Marie, d’élu et de foi. Babylon A.D. divisera donc : une bonne production européenne ou un Kassovitz qui ne le réconciliera pas avec les cinéphiles. Tout est dans le niveau de l’attente.
 
vincy

 
 
 
 

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